Pays-Bas : Couverture sociale en baisse et pauvreté en hausse25/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1956.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pays-Bas : Couverture sociale en baisse et pauvreté en hausse

Une réforme de l'assurance-maladie est entrée en vigueur au 1erjanvier aux Pays-Bas. Derrière les phrases pompeuses sur l'institution d'une "assurance universelle", avec la prise en charge d'un panier de soins dits de base, un certain nombre de remboursements sont en baisse, en particulier en ce qui concerne les soins et les prothèses dentaires. Parallèlement, la concurrence a été introduite entre les différentes caisses et certains services de santé d'État doivent être ouverts aux investisseurs privés, façon d'offrir une nouvelle source de profit aux possédants, sur le dos de la santé publique.

Tout cela va conduire à une couverture médicale dégradée pour ceux qui n'auront pas les moyens financiers de se payer une assurance complémentaire privée. Et ils sont nombreux. Rendu public fin novembre, le moniteur de la pauvreté 2005, un rapport annuel publié depuis 1997 par le CBS, l'équivalent néerlandais de l'Insee, indique que depuis 2001 le nombre de ménages ayant un revenu considéré comme bas a augmenté de cent mille. Au total, en 2005, 10,5% des ménages néerlandais étaient dans cette catégorie. L'enquête considère comme un revenu bas, par rapport au niveau de vie du pays, 850 euros nets par mois pour une personne seule et 1595 euros pour une famille avec deux enfants.

La pauvreté officielle, qui avait diminué à la fin des années 1990, est donc de nouveau en expansion. Et elle touche de plus en plus de familles avec des enfants: au total, 430000 enfants de moins de 18 ans, soit un enfant sur huit, grandissent dans une famille à bas revenus.

Pourtant les Pays-Bas apparaissent comme un pays privilégié, connu pour sa qualité et son niveau de vie. Le chômage officiel n'y est que de 6,5% (moyenne pour 2005), soit un taux nettement inférieur à la France ou l'Allemagne. Le produit intérieur brut par habitant y est supérieur à celui de ces deux pays. Mais, comme écrivait récemment le quotidien Volkskrant, "un nombre croissant de ménages à bas revenus travaillent. Sur les 64000 ménages qui sont entrés dans la catégorie des revenus bas entre 2001 et 2003, 47000 font partie des "nouveaux pauvres" ayant un emploi".

La raison de cette situation est simple: les trois quarts des emplois qui ont été créés depuis une quinzaine d'années sont à temps partiel et flexibles. Au point que le taux d'emploi partiel atteint, selon l'institut européen Eurostat, 46,2%, soit plus du double de la moyenne de l'Union européenne! Comment peut-on échapper à la pauvreté si l'on ne travaille que dix, quinze ou vingt heures par semaine? En outre l'OCDE (Organisation de la coopération et du développement économique) estimait déjà en 1999 que "le salaire horaire pour le travail à temps partiel représente entre 50 et 90% de celui du salaire à temps plein. Moins il y a d'heures de travail, plus le fossé s'élargit."

À cela il faut ajouter la baisse des prestations des pensions d'invalidité, qui concernent de nombreux Néerlandais, plus de 500000 personnes. Mettre le plus grand nombre possible de sans-emploi en invalidité est en effet la méthode qu'utilisent abondamment le gouvernement (pour faire baisser le chômage officiel) et le patronat (pour se débarrasser des salariés âgés).

Pour les riches, par contre, ce n'est pas la crise. Le nombre de millionnaires est, comme partout, en augmentation régulière. Les Pays-Bas, parfois présentés en France par les politiciens ou la presse comme un "État-providence", ne sont en réalité pas différents des autres pays capitalistes. Et la même tendance y est à l'oeuvre: accumulation de richesses à un pôle, extension de la pauvreté à l'autre.

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