Palestine : Les élections et le sabotage du gouvernement israélien25/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1956.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Palestine : Les élections et le sabotage du gouvernement israélien

À la veille des élections palestiniennes du 25 janvier, beaucoup de commentateurs politiques et de dirigeants politiques, en particulier israéliens, semblaient craindre le succès du Hamas, le parti islamiste radical. Pendant longtemps le Hamas, organisateur de nombreux attentats-suicides visant aveuglément la population israélienne, refusait toute participation aux élections. Il a abandonné cette politique depuis plusieurs mois, décidant de présenter des candidats.

Certains sondages le donnaient au coude à coude avec le Fatah, l'organisation majoritaire, qui occupe les postes de responsabilités et dont beaucoup de représentants sont accusés de corruption et d'immobilisme.

Il faudra attendre les résultats pour apprécier le rapport de forces électoral entre les deux organisations. Mais ce qui est d'ores et déjà évident, c'est que les conditions dans lesquelles la campagne s'est déroulée et l'attitude du gouvernement israélien ne pouvaient que contribuer encore un peu plus à rejeter les Palestiniens du côté d'organisations intégristes comme le Hamas.

1,3 million d'électeurs inscrits dans seize circonscriptions en Cisjordanie et à Gaza devaient élire les 132 députés du Conseil législatif palestinien.

À Jérusalem-Est, annexé depuis 1967, le gouvernement israélien a commencé par refuser d'organiser les élections, considérant que cela aurait été reconnaître le caractère palestinien de Jérusalem, contesté par Israël. Finalement, il a cédé, mais en s'acharnant à multiplier les obstacles. Sur les 120000 électeurs palestiniens potentiels, seuls 5700 ont été autorisés à voter dans quelques bureaux de poste. Les autres devaient se rendre dans des bureaux de vote des banlieues de Jérusalem qui font partie de la Cisjordanie. Il est évident qu'il visait ainsi à décourager les électeurs inquiets de se voir retenus ou même refoulés aux points de contrôle par l'armée israélienne.

Israël a aussi interdit au Hamas de faire campagne à Jérusalem; ses locaux ont été perquisitionnés et trois de ses candidats arrêtés par la police au moment où ils allaient faire une conférence de presse. La raison avancée était que le Hamas est une organisation terroriste. Mais la police a également arrêté d'autres candidats, dont ceux de la liste Al-Badil (L'Alternative), partisans d'un compromis territorial. De plus, la police et la mairie auraient infligé des amendes exorbitantes pour affichage illégal.

Dans le reste de la Cisjordanie, près d'une trentaine de candidats du Hamas ont été emprisonnés. Mais surtout la Cisjordanie est morcelée en une multitude de zones, séparées par des axes routiers interdits à la circulation des Palestiniens; sur ce territoire grand comme un département français, l'armée israélienne a installé au moins 400 barrages et points de contrôle. Pour n'importe quel électeur, se rendre dans un bureau de vote est devenu un parcours du combattant: l'impossibilité de franchir certaines routes pouvait lui valoir des détours de plusieurs dizaines de kilomètres, sans aucune assurance de parvenir à destination et de ne pas être bloqué aux points de contrôle.

Quant à Gaza, les candidats ont pu y faire campagne mais n'ont pas eu le droit d'en sortir.

La presse du monde entier a présenté Sharon comme un homme de paix qui, après une carrière guerrière, se serait décidé à aller vers la paix, un projet malheureusement interrompu par la maladie. Mais la situation totalement invivable qu'il laisse en Cisjordanie, et même à Gaza après l'évacuation, montre ce qu'il en est. La persécution de toute une population, y compris au moment d'un scrutin censé démontrer qu'on lui permet de s'exprimer librement, explique largement son exaspération et son désespoir. Et elle laisse présager, non seulement peut-être un succès des islamistes du Hamas, mais encore sans doute bien des conflits et des crises.

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