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Dans les entreprises
Liebherr Aerospace - Toulouse : Le patron se gave, les salariés réclament leur dû
Liebherr Aerospace, entreprise du secteur aéronautique où travaillent 700 salariés, dont 200 en production, produit principalement des systèmes de pressurisation et de climatisation pour tous types d'avions et d'hélicoptères, civils et militaires. Le principal client est bien entendu Airbus et, depuis plusieurs années, la santé économique de l'entreprise est florissante, à tel point que l'agrandissement de l'usine a pu se faire sans que le patron ait à emprunter.
Les affaires vont donc bien pour lui, le bénéfice net en 2005 ayant augmenté de 27% par rapport à 2004, soit 15000 euros par salarié. Cela n'a pas empêché le patron, à l'occasion des négociations salariales 2006, d'annoncer que le budget global consacré aux augmentations subirait une baisse de 0,5% par rapport à 2005. Pour essayer de faire passer cette pilule amère, la direction l'a enrobée d'une prime exceptionnelle versée en janvier, égale à 1% du salaire annuel, c'est-à-dire 100 à 200 euros pour les ouvriers.
Après la dernière réunion de négociations, la CGT, seul syndicat présent, a appelé à une demi-heure de grève le 5 janvier. 180 travailleurs ont répondu présent et une partie des ouvriers de la production ont alors demandé au syndicat, qui voulait en rester là, de continuer la bagarre.
La semaine suivante, tous les jours, au changement d'équipe, la trentaine d'ouvriers qui fabriquent les échangeurs thermiques se rassemblaient, rejoints par quelques ouvriers d'autres secteurs de la production. Et il y était question de revendications et de grève. Le syndicat demande alors une nouvelle réunion à la direction, lors de laquelle la prime annoncée passa de 1% à... 400 euros pour tout le monde. Pour les travailleurs, c'était certes un premier geste, mais ça ne suffisait pas, les plus déterminés demandant à juste titre une augmentation mensuelle de 100 euros.
Devant la grogne persistante, la CGT appela à une grève d'une heure le lundi 16 janvier pour les secteurs de la production. À une centaine, il fut alors décidé de reconduire l'heure de grève tous les jours, avec le souci de gagner à la lutte d'autres secteurs de l'usine.
Pendant la semaine suivante, le nombre de grévistes a progressé avec l'apport de nouveaux, notamment des bureaux. La revendication finalement retenue par le syndicat est de 50 euros mini et le retour aux 3,5% de la masse salariale consacrée aux augmentations, comme en 2004. La direction ne bougeant pas, beaucoup sont maintenant convaincus qu'il faut que le mouvement prenne de l'ampleur et fasse mal au patron, c'est-à-dire au portefeuille. Ce que la CGT a traduit par un appel à six arrêts de travail d'un quart d'heure par jour à partir du lundi 23 janvier.
On en est là pour l'instant et les débrayages, même limités, perturbent la production. Le 23, il y avait 100 à 130 grévistes à chaque quart d'heure de grève. Pour gagner, il faudrait certes plus. Mais pour beaucoup c'est un début!