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Dans les entreprises
Grandes surfaces : Les machinations patronales révélées
Il n'est pas exceptionnel que des patrons, petits, moyens, grands, utilisent des méthodes crapuleuses pour se débarrasser des salariés jugés encombrants. Mais il est beaucoup plus rare que ces pratiques soient portées sur la place publique et dénoncées comme elles le méritent.
C'est ce qui vient de se produire avec le témoignage d'un ancien agent de sécurité du groupe Carrefour qui avait permis 150 licenciements en espionnant et en montant de toutes pièces des provocations contre les travailleurs, avant d'en avoir assez... et d'être licencié à son tour. France 3 a diffusé un reportage édifiant sur ces pratiques.
La mission de cet agent de sécurité, embauché en principe pour empêcher les vols par des clients, consistait surtout à surveiller le personnel. Caméras cachées pour filmer à leur insu les salariés, micros dans des lampes ou aux toilettes, mise sur écoute des militants syndicaux et de leurs locaux... Au besoin, il piégeait même ceux que lui désignaient les directeurs de magasin, comme cette caissière coupable de prendre trop souvent le café avec des syndicalistes, à laquelle il avait fait remettre un billet de 50 euros, pour pouvoir l'accuser ensuite de l'avoir volé.
Les grandes surfaces sont coutumières de ces méthodes de voyous. Caissières licenciées à Auchan Bordeaux et à Leclerc pour l'utilisation de quelques bons d'achat oubliés ou laissés par des clients, employés jetés à la rue au Carrefour de Stains (Seine-Saint-Denis) pour avoir soi-disant dérobé un portable ou mangé trois macarons, suivi par le licenciement d'un autre travailleur qui avait dénoncé à la presse la manière dont le directeur avait affiché leurs portraits dans le magasin avec la mention "vol"... C'est peu dire que les dirigeants de ces grandes surfaces ne répugnent à aucune infamie.
À Marseille, un délégué CGT de Carrefour avait été licencié et condamné à de la prison pour "subornation de témoin", simplement pour avoir demandé à un vigile de dire la vérité sur un vol supposé. Les directeurs piétinent les lois, par exemple celles qui imposent d'informer le personnel des dispositifs de surveillance. C'est d'ailleurs le prolongement de ce qu'ils font en matière d'horaires ou de conditions de travail. Mais ce faisant, ils ne sont que les agents des richissimes familles qui contrôlent ce secteur.
Les supermarchés ne sont pas les seules entreprises où sévissent ces méthodes. Sous une forme ou une autre, elles sont pratiquées quasiment partout. Faux témoignages pour se débarrasser de travailleurs combatifs, accusations de vol montées de toutes pièces ou accusations de prétendues violences contre la hiérarchie sont le lot de nombre de travailleurs, plus particulièrement ceux qui contestent les pleins pouvoirs des patrons dans leur entreprise. Car pour ces gens-là, vouloir simplement se faire respecter, c'est un délit, dont ils se font justice eux-mêmes. Comme à l'époque féodale.