De Robien : À recaler... sans examen25/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1956.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

De Robien : À recaler... sans examen

Radio, télévision et presse écrite, les médias ont dénoncé les mercredi 18 et jeudi 19 janvier le même prétendu "scandale", celui du gâchis économique que représenteraient les examens scolaires.

Selon des sources officielles, si les multiples examens, avec toutes leurs épreuves, étaient mieux prévus et simplifiés, 400 emplois pourraient être supprimés. Cette démagogie anti-fonctionnaires vient à point nommé pour tenter d'accélérer une évolution déjà en route.

Sur le fond, l'Éducation nationale a toujours fait oeuvre d'économies pour les examens, depuis leur préparation jusqu'à la correction. L'élaboration du sujet est faite par des enseignants, sans aucune gratification particulière. Quant à la correction, la rémunération en est si faible que nombre d'enseignants ne remplissent même plus les formulaires pour toucher 5, 10, 20 euros. Ceux qui corrigent le baccalauréat, examen un peu mieux payé, touchent, six mois après, environ 80 euros pour un travail qui a demandé 40 heures! D'ailleurs c'est avec le ministre Allègre, sous le gouvernement Jospin, que de nouveaux calculs ont abouti à diviser ces indemnités par deux.

Bien sûr, il y a tout un secrétariat fixe, pour le tirage des épreuves, les convocations, etc. C'est cela que le ministère voudrait sûrement réduire. Pour cela, il faudrait réduire ou faire disparaître les examens de fin d'année. Cette solution... économique, l'Éducation nationale l'a déjà mise en place depuis plus d'un an dans les lycées professionnels. Ainsi, pour de nombreux CAP, l'épreuve a lieu en trois petits examens, la dernière année, ou sur les deux années scolaires. Dans toutes les matières, aussi bien générales (français, histoire, géographie, maths-sciences...) que professionnelles (secrétariat, plomberie, électrotechnique...), suivant les options, tous les enseignants ayant ces élèves doivent tout préparer à l'échelle de leur lycée. Pour que cela ait l'air d'un vrai "examen", ils doivent tout faire, avec de véritables convocations à l'avance, le sujet évidemment, l'organisation de l'épreuve, la correction et tout un dossier... pour que l'académie puisse vérifier que les programmes ont bien été respectés. Pour ces CAP, il n'y a donc déjà plus de service d'examens en dehors des enseignants eux-mêmes.

Dans leur très grande majorité, les enseignants concernés par cette réforme y sont opposés. Pas seulement parce que cela demande un travail très important et sans rémunération supplémentaire, mais surtout parce que cela aboutit à la suppression des examens nationaux ou du moins à l'échelle de l'académie, comme c'est le cas pour les CAP. La conséquence est qu'il y aura, dans les lycées ayant des élèves en difficulté, un nivellement vers le bas inévitable.

Pour l'instant, le ministère de l'Éducation teste sa tentative de supprimer les examens dans les lycées professionnels. Il le fait à ce niveau scolaire car la réforme prévoit que les parents puissent, s'ils le désirent, vérifier si les épreuves correspondent au programme du CAP en question. Malheureusement, les parents de ces élèves risquent d'être moins pointilleux que pour le baccalauréat des enfants du XVIe arrondissement. Et pour l'instant il n'y a pas d'application dans les lycées classiques.

Cette campagne sur ce soi-disant gâchis des deniers publics n'est qu'une campagne hypocrite de plus pour justifier la baisse des moyens matériels et humains dans l'Éducation nationale.

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