Côte-d'Ivoire : La population fait les frais des rivalités entre les clans25/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1956.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte-d'Ivoire : La population fait les frais des rivalités entre les clans

Alors que sous l'égide de l'ONU, un nouveau gouvernement de transition vient d'être formé avec à sa tête Charles Konan Banny, la Côte-d'Ivoire a connu quatre nouvelles journées de violence à Abidjan et dans plusieurs localités. Prenant prétexte de la non-prolongation du mandat de l'Assemblée nationale où le FPI, parti du président Laurent Gbagbo, est largement majoritaire, des milliers de jeunes partisans de Gbagbo sont descendus dans les rues et ont dressé des barricades, assiégeant des bâtiments de l'ONU et des casernements de soldats français.

Si le calme est finalement revenu, la situation reste lourde de menaces. Quant à la population, elle fait chaque jour un peu plus les frais des rivalités entre les différents clans qui aspirent au pouvoir.

Dans son numéro daté du 10 janvier, Le Pouvoir aux travailleurs, organe de l'Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes, fait le point sur la situation dans le pays:

Il leur a fallu un mois de tractations pour former le gouvernement Banny. La lutte pour les postes ministériels devait être âpre entre chacun des clans. Ils ont fini par se partager les postes pour bien puiser dans les caisses de l'État. Après cela, ils viendront dire aux travailleurs qu'elles sont vides! Ou encore, que l'heure est à la reconstruction du pays et qu'il faut que les travailleurs continuent à se serrer la ceinture! Cela n'empêche pas les privilégiés de ce pays de s'en mettre plein les poches. Des immeubles et des villas se construisent nombreux à Abidjan. Des grosses cylindrées toujours plus nombreuses et plus rutilantes circulent dans les quartiers chics. C'est dire qu'il y a comme un système de vases communicants entre les coffres-forts des riches et les poches trouées des pauvres. La classe bourgeoise, ceux qui contrôlent les banques, les usines, le port, l'énergie, la distribution, etc. ainsi que les politiciens qui se succèdent au pouvoir gouvernemental dans ce pays depuis quarante cinq ans ont beaucoup d'argent. Ils l'amassent au détriment des populations laborieuses. Les conditions de vie et de travail des classes laborieuses se sont dégradées, plus que jamais. Dans les quartiers populaires et dans les villages, la misère est partout présente.

Alors oui, ceux parmi les Bédié, Ouattara et autres Gbagbo qui font croire qu'ils ont un "idéal" et qu'ils se soucient de "l'avenir du pays" sont des menteurs finis! À moins que "l'intérêt du pays", dans leur façon de raisonner soit exclusivement celui des classes riches. Ces démagogues réussissent malheureusement à tromper nombre de travailleurs. Les leaders des trois principaux partis politiques de ce pays, le FPI, le PDCI et le RDR bénéficient du soutien des gens issus des classes pauvres. Dans la majorité des cas, cette adhésion s'effectue selon l'appartenance ethnique. Dans leur lutte pour le pouvoir jusqu'où ces dirigeants sont-ils capables de jeter les petites gens les uns contre les autres? Ils se moquent des souffrances de la population laborieuse.

À la misère s'ajoute l'insécurité qui devient insupportable dans les quartiers à cause des agents du Cécos (Centre de commandement des opérations de sécurité) et autres milices qui tuent et qui rackettent. Les travailleurs sont les principales victimes de ces exactions. Particulièrement les frères burkinabé et maliens.

Nous ne sommes pas à l'abri d'un conflit interethnique dans lequel les clans bourgeois en lutte pour le pouvoir peuvent à tout moment nous entraîner. Ca ne fera que nous compliquer encore plus la vie et créer la division et la haine entre les travailleurs de différentes ethnies, là où il leur faudrait justement l'unité et la solidarité.

(...)Voilà pourquoi, ceux d'entre les travailleurs qui ont conscience de cette réalité doivent s'unir pour construire un parti politique authentiquement prolétarien pour que le poison de la xénophobie distillé à longueur de journée par les prétendants du pouvoir ne réussisse pas à semer la discorde dans les rangs des travailleurs.

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