ANPE et Assedic : Villepin fait la chasse aux chômeurs25/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1956.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

ANPE et Assedic : Villepin fait la chasse aux chômeurs

Mardi 24 janvier les personnels de l'ANPE et de l'Assedic étaient appelés à la grève par la CGT et SUD, pour dénoncer la "chasse" aux chômeurs à laquelle se livre le gouvernement Villepin.

Depuis le 1erjanvier 2006 celui-ci a mis en place le "suivi mensuel personnalisé du chômeur" -encore une formule à la Villepin- qui les oblige à répondre tous les mois à des convocations. Le pointage mensuel obligatoire avait été supprimé en 1984, parce que jugé humiliant et inutile, et depuis 2001 les chômeurs étaient reçus tous les six mois à l'ANPE.

En fait, le but de ce retour à un "pointage" mensuel est de faire pression sur les chômeurs. Une syndicaliste parle même de harcèlement, ajoutant: "Nous allons les recevoir plus souvent mais nous n'avons pas plus d'offres d'emploi à leur proposer." Villepin et Borloo savent parfaitement qu'il n'y a pas plus de travail, quand les patrons licencient par milliers, y compris dans des entreprises qui font des bénéfices. Seulement, plus on convoquera des chômeurs, surtout pour rien, plus il y a de chances qu'ils ne se représentent plus... et qu'ils soient radiés après trois refus de proposition d'emploi.

Quant à ceux qui se plieront à ces entretiens mensuels, ils subiront des pressions répétées pour accepter des contrats précaires ou des stages bidon et se verront menacés de sanctions financières en cas de refus, sanctions allant de la baisse de 20% des allocations chômage à leur suppression totale ou définitive.

Villepin et Borloo ont déjà utilisé cette technique de convocation massive: à l'été 2005 c'était les jeunes en recherche d'emploi que les ANPE devaient recevoir sans délai, puis à l'automne les allocataires de l'ASS (allocation de solidarité spécifique, un minimum social à peine supérieur au RMI) et bien sûr, après les événements des banlieues, Villepin avait demandé un effort pour les jeunes des quartiers "sensibles". À chaque fois il n'y avait ni le personnel ni même les locaux dans les agences ANPE pour recevoir correctement tout le monde, mais l'objectif était atteint: le communiqué pour la conférence de presse devant les médias et l'annonce d'une baisse virtuelle du nombre des chômeurs.

Avec ces nouvelles mesures, le gouvernement s'en prend aussi au travail de chaque conseiller ANPE. Désormais il sera jugé sur la base des 130 à 140 dossiers à sa charge, alors qu'auparavant on jugeait les résultats de l'agence. Une note interne met les points sur les "i" en indiquant que cela permettra un suivi des "contributions individuelles", comprenez des résultats qui seront calculés en fonction des "exigences du marché", et non plus en fonction d'une activité de "conseil". C'est la porte ouverte aux pressions sur les agents pour faire du chiffre: la carotte pour ceux qui "placent" plus de chômeurs ou en radient le maximum, et le bâton pour les autres. Et le syndicat SUD dénonce par avance "la production de chiffres falsifiés, fausses offres et faux entretiens".

Le gouvernement renforce un système de contrôle des chômeurs, des précaires et des exclus, et veut imposer ce travail aux agents de l'ANPE. Ceux-ci ont bien raison de vouloir s'y opposer et de refuser de considérer les chômeurs comme responsables du chômage, plutôt que les patrons et le gouvernement à son service.

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