Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) : Pour le droit de vote des immigrés18/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1955.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) : Pour le droit de vote des immigrés

La municipalité PCF de Saint-Denis a décidé d'organiser le 26 mars un référendum sur le droit de vote et l'éligibilité aux élections locales des résidents étrangers, quelle que soit leur nationalité. Le préfet puis le tribunal administratif ont récusé ce référendum qui, disent-ils, ne relève pas des compétences d'un Conseil municipal.

Ils reprochent à la municipalité d'associer au vote du 26 mars les étrangers non ressortissants de la communauté européenne en les incitant à s'inscrire à la mairie, à la Bourse du travail ou dans les antennes jeunesse et à recevoir une carte de vote spéciale. Jusqu'à présent, 250 l'ont déjà fait.

À Saint-Denis, près d'un quart de la population se trouve aujourd'hui privée du droit de vote du seul fait de sa nationalité. Pour leur grande majorité, ce sont des travailleurs et leur famille, dont certains sont en France depuis des dizaines d'années. Ils n'ont même pas le droit d'exprimer leur opinion à l'occasion des élections sur ce qu'ils subissent: chômage, services publics déficients, discriminations et salaires au rabais. C'est à l'image de ce qui se passe à travers tout le pays. Une importante fraction de la classe ouvrière se retrouve exclue du droit de vote, ce qui diminue encore le poids des travailleurs dans les scrutins électoraux.

Le droit de vote et d'éligibilité pour tous et dans toutes les élections serait pourtant le respect d'un droit élémentaire: celui de dire ce que l'on pense, d'élire ceux qui auront à prendre des décisions qui les concernent tout autant que ceux qui ont le droit de vote. La France est à la traîne en ce domaine. La possibilité de participer aux scrutins locaux a été accordée aux résidents étrangers en 1965 par l'Irlande, et depuis par 15 des 25 pays de l'Union européenne, parmi lesquels l'Espagne, le Portugal, la Belgique ou les Pays-Bas. Mais les gouvernements français, de droite comme de gauche, l'ont toujours refusé. Et pourtant, ce droit de vote pour les immigrés faisait partie des promesses de François Mitterrand en 1981, oubliées par la suite. Depuis 1981, la gauche qui a été de longues années au pouvoir disposait d'une majorité pour faire adopter cette mesure. Elle a toujours reculé.

Le référendum prévu à Saint-Denis n'aura qu'une valeur démonstrative, mais il servira au moins à montrer que la population des villes ouvrières est favorable au droit de vote de leurs camarades de travail et de leurs voisins immigrés. Ce sera un geste en ce sens. Et le fait que des municipalités communistes de banlieue comme La Courneuve, Bobigny, et sans doute d'autres bientôt, viennent de décider de procéder à des référendums du même type ne peut qu'agir dans ce sens, même si cela vient bien tard.

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