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Dans les entreprises
Région de Saint-Quentin (Aisne) : Licenciements dans le textile
Ces derniers mois de nombreux licenciements ont été annoncés dans l'Aisne et en particulier dans le textile.En 1980, ce département comptait 200 entreprises et 9500 salariés dans ce secteur, que ce soit dans l'habillement ou pour des équipementiers de l'automobile. Ce nombre est aujourd'hui de l'ordre d'une centaine d'entreprises et de 2300 salariés.
Une partie de ces annonces de licenciements concernent des entreprises du bassin d'emploi de Saint-Quentin où le taux de chômage est déjà supérieur à la moyenne nationale, à plus de 14%.
Il y a quelques mois le groupe Trèves, un équipementier automobile textile, avait déclaré qu'il supprimait 700 emplois en France. Ce plan comprend la fermeture pour 2008 du dernier site du groupe à Gauchy, qui jouxte Saint-Quentin. Une soixantaine de salariés sont menacés de perdre leur emploi. Le groupe possédait autrefois plusieurs entreprises sur la ville mais il s'en est débarrassé en les vendant à quelques cadres. Depuis elles ont déposé le bilan. Dans ces usines de nombreuses femmes se sont retrouvées au chômage alors qu'elles avaient entre 45 et 55 ans, c'est-à-dire sans beaucoup d'espoir de retrouver du travail dans une région déjà sinistrée!
Une entreprise spécialisée dans la teinturerie, TASQ qui appartient à un groupe franco-germanique, est en liquidation judiciaire et compte supprimer 65 emplois sur 105. Les salariés ont profité de la présentation des voeux du maire et sénateur Pierre André, pour protester et demander l'intervention des pouvoirs publics. Le maire s'est senti obligé de se déclarer solidaire des salariés mais, dans son discours, sa priorité était aux travaux censés rendre la ville plus agréable et, surtout, à la mise en place de zones d'activité et d'aides aux entreprises sous toutes les formes, la ville comptant déjà une zone franche. Cette politique se solde par quelques créations d'emplois qui ne compensent pas, loin de là, les disparitions et coûte très cher à la collectivité. Depuis, alors que les travailleurs de l'entreprise n'ont pas reçu leur salaire de décembre et continuent de protester, la seule réponse des pouvoirs publics est l'engagement qu'une cellule de reclassement sera mise en place.
Dans d'autres entreprises comme la société Comoditex du groupe Bacou, un des premiers groupes mondiaux spécialisés dans les vêtements de protection du travail, le patron entretient un climat où les travailleurs s'attendent tous les trois mois à des licenciements. Il a pu imposer aux 80 salariés de revenir sur l'accord des 35heures et a mis en place une modulation d'horaire qui permettra à l'entreprise de diminuer de façon importante le nombre d'intérimaires auxquels elle fait appel.
Cet objectif est devenu une préoccupation dans presque toutes les entreprises du bassin d'emploi. C'est ainsi que le patron d'une entreprise de fabrication de radiateurs, l'entreprise Zehnder à Vaux-Andigny, propose de diminuer le nombre de licenciements annoncés dans un premier temps en échange de plus de flexibilité.
Toute cette politique est le fait le plus souvent de groupes qui ne sont pas sur la paille! Non seulement ils se moquent d'aggraver la situation déjà catastrophique de cette région en licenciant mais, même quand ils ne licencient pas, ils profitent de la peur du chômage pour imposer des reculs toujours plus grands et le blocage des salaires.
Pour l'instant les réactions de protestation, grèves et manifestations, sont insuffisantes pour arrêter tout cela. Mais si la colère accumulée éclatait vraiment, on verrait la peur changer de camp!