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Dans les entreprises
PSA Peugeot-Citroën -Mulhouse (Haut-Rhin) : Des intérimaires licenciés... mais pas sans réaction
Sur les 12 500 travailleurs que PSA emploie sur le site de Mulhouse (où sont produites les voitures C4, 307 et 206), 1 600 sont intérimaires ou CDD. Beaucoup sont des jeunes des quartiers pauvres de la ville et des banlieues avoisinantes, souvent d'origine maghrébine, turque ou venus d'Afrique noire, qui héritent des postes les plus durs sur les chaînes de production.
Ils tournent souvent en intérim depuis des années dans différentes entreprises industrielles de la région et Peugeot est un passage obligé, et souvent répété, pour des missions qui se renouvellent sur quelques années.
Fin 2005, la direction Peugeot avait annoncé qu'elle allait mettre en fin de contrat plus de 400 intérimaires et CDD. Pour un certain nombre d'entre eux, le vendredi 13 janvier sonnait leur fin de mission. Dès le lundi 9 janvier, un petit nombre était convaincu que, cette fois, il fallait marquer le coup. Ras le bol d'être jetés après usage!
Aussi, jeudi 12 janvier, à la prise du poste de nuit, une vingtaine d'intérimaires des chaînes de montage ont débrayé pour protester contre leur renvoi, accompagnés d'une dizaine d'embauchés et de quelques délégués CGT. Dès le départ, le débrayage fut joyeux et énergique. Plutôt que de défiler entre les lignes de production comme cela se fait d'habitude, c'est directement sur les chaînes qu'ils sont allés chercher leurs copains. Une quinzaine de cadres, complètement dépassés, se plaignaient: "Tout fout le camp. Les anciens défilaient dans les allées, eux, ils vont carrément sur les lignes... Ils ne respectent rien!" À la fin du poste, les intérimaires se donnaient rendez-vous pour le lendemain.
Vendredi 13 janvier, cette fois mieux équipés, c'est au rythme d'un djembé, munis d'un porte-voix scandant "Embauchez les intérimaires", qu'ils ont repris leur débrayage en traversant différents ateliers de l'usine. Un certain nombre de cadres, qui avaient troqué leur costume trois-pièces contre jeans et tee-shirt, ont bien tenté de les suivre, ce fut sportif. Le directeur de la qualité avait chaussé sa paire de "running " toute neuve mais cela ne l'a pas empêché de sortir exténué de cette course poursuite avec cette "horde" - comme ils disent - de jeunes révoltés.
La direction a tenté de calmer le jeu en prolongeant quelques contrats mais en même temps elle en interrompait d'autres brutalement.
Vers minuit, le débrayage s'est terminé et aucun des intérimaires qui y avaient pris part n'a repris le travail. Ils ont quitté l'usine en se disant que, probablement, ils étaient "grillés " pour une nouvelle mission chez Peugeot. Mais, en même temps, ils se disaient que cela avait fait le plus grand bien de faire courir ceux qui, pendant des mois, voire des années, les avaient eux-mêmes fait courir d'une voiture à l'autre sur les chaînes.