Noyelles-sur-Selle (Nord) : Licencieurs subventionnés18/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1955.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Noyelles-sur-Selle (Nord) : Licencieurs subventionnés

Depuis le 7 décembre, la plupart des 163 travailleurs de l'usine Béra/Descamps à Noyelles-sur-Selle sont en grève pour protester contre la fermeture de l'unité de production décidée par le groupe italien Zucchi qui emploie 3 400 personnes et qui est spécialisé dans le linge de maison haut de gamme (taies, oreillers, etc).

Beaucoup ont travaillé des dizaines d'années dans cette entreprise paternaliste qui ressemblait à beaucoup d'autres entreprises textiles de la région: des salaires au minimum et la course à la production maximum. Pour eux, la perspective de se retrouver au chômage à 50 ans est un drame.

En pleine grève, le sous-préfet est venu leur demander de "reprendre le travail pour finir les commandes" en laissant croire qu'ils ne seraient plus payés du tout si ces commandes ne sortaient pas. La déléguée de la CFDT n'avait d'ailleurs pas un discours très différent. Alors, une cinquantaine d'employés se sont laissés convaincre, et Zucchi a eu ses précieux draps. Mais il ne s'est pas montré pour autant reconnaissant. Il maintient l'annonce de la fermeture et rien n'est prévu dans le plan dit "social" pour les futurs licenciés au-delà des indemnités conventionnelles. Avec des salaires mensuels qui tournent autour de 1000 euros, cela mène à des indemnités de licenciement misérables.

Or, le groupe Zucchi a touché beaucoup d'argent public: 3,93 millions d'euros lui ont été versés notamment pour l'aménagement d'une plate-forme logistique dans le département voisin du Pas-de-Calais.

L'État, le conseil régional, le conseil général du Pas-de-Calais, la communauté d'agglomération de Lens-Liévin ont tous participé. Le but était soi-disant d'aboutir à un total d'au moins 625 emplois dans le Nord-Pas-de-Calais. En réalité, il n'y a pas eu de créations d'emplois: 103 emplois ont été déplacés depuis d'autres régions. Le député du Nord, Alain Bocquet, PCF, proteste et réclame que cet argent soit rendu par Zucchi. Oui, bien sûr, ce serait normal. Mais le Parti Communiste serait un peu plus crédible si ses élus n'avaient pas voté les subventions publiques aux patrons privés depuis des années, dans toutes les assemblées où ils siégeaient, en commun avec les partis de droite, le Parti Socialiste et les Verts!

Aujourd'hui, les travailleurs de Zucchi commencent à réclamer 2000 euros de prime de licenciement par année d'ancienneté. Ce serait un minimum!

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