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Metaleurop en Bourse : Les "patrons-voyous" ont de nouveau la cote
Le groupe industriel Metaleurop, spécialisé dans le plomb et le zinc, va bientôt être coté à nouveau en Bourse. Cela mettra un terme à trois ans de légers désagréments pour ses actionnaires.
En 2003, Metaleurop SA avait occupé le devant de la scène. Chirac avait parlé à ce propos de "patron-voyou". Les actionnaires de cette entreprise, dont le principal, le groupe suisse Glencore, avaient du jour au lendemain abandonné une de leurs filiales, celle de l'usine de Noyelles-Godault, Metaleurop Nord, présentée comme déficitaire, laissant sur le carreau plus de 600 travailleurs. Ceux-ci avaient eu bien du mal à obtenir des indemnités de licenciement. Les dirigeants du groupe laissaient aussi derrière eux un site industriel pollué par des décennies de travail du plomb.
Dans un premier temps, le tribunal de commerce avait dégagé la responsabilité de Metaleurop SA dans les déboires de sa filiale du Nord. Mais la maison mère avait finalement connu le même sort que sa filiale, la mise en liquidation judiciaire. Metaleurop SA avait pu néanmoins continuer son activité dans l'attente d'un pourvoi en cassation qui, rendu en novembre dernier, lui a été favorable.
Les dirigeants et les actionnaires de Metaleurop SA peuvent donc pavoiser. Avec la hausse actuelle du cours du plomb, ses profits sont excellents et l'entreprise a pu, sans frais, se débarrasser d'une filiale considérée comme déficitaire ainsi que d'un site archi-pollué. Le groupe occupe les mêmes locaux rue de Monceau, un des quartiers les plus huppés de Paris. Le "voyou" Glencore est toujours l'actionnaire majoritaire. L'entreprise va être cotée en Bourse. Voilà un vrai conte de fées pour ce petit monde devenu très honorable.
Il en va tout autrement pour les travailleurs licenciés, les habitants de la région ayant subi cette fermeture d'usine, et tous ceux d'entre eux atteints par la maladie du plomb, le saturnisme. Quant aux anciens salariés de l'usine de Noyelles, trois ans plus tard, parmi ceux que l'on avait alors envoyés pointer au chômage, plus de la moitié n'ont toujours pas retrouvé de vrai travail.