Manifestation des dockers à Strasbourg : Non à la privatisation des services portuaires !18/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1955.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Manifestation des dockers à Strasbourg : Non à la privatisation des services portuaires !

Lundi 16 janvier, à l'appel de la fédération européenne des travailleurs des transports, des milliers de dockers de tous les grands ports d'Europe ont manifesté devant le Parlement européen de Strasbourg.

Des vitres du Parlement ont volé en éclats, des policiers auraient été blessés, des dockers arrêtés. Ils protestaient contre un projet de directive européenne qui vise à "libéraliser" -comme il est à la mode de dire aujourd'hui- les services portuaires, c'est-à-dire à introduire dans la gestion de ces installations encore plus de concurrence et de course au profit.

Quand un cargo accoste dans un port, ce sont les manutentionnaires des quais, les dockers, qui chargent et déchargent les marchandises. Mais on n'est plus au temps des sacs transportés à dos d'hommes. Il s'agit maintenant souvent d'énormes conteneurs qui sont levés à la grue; charge et décharge sont en partie automatisées et nécessitent du personnel qualifié. Les armateurs des navires n'attendent qu'une chose, que l'administration les autorise à faire charger et décharger leur navire, non plus par les dockers, mais par des hommes de leur choix et notamment leurs hommes d'équipage. C'est ce qu'ils appellent "l'auto-assistance", et c'est ce que leur promet la directive européenne: une charge et décharge des navires par le personnel de bord sans plus faire appel aux travailleurs des quais.

On sait ce que donne ce qu'ils appellent la "libéralisation". Pour ne parler que du seul transport maritime, elle a conduit aux navires-poubelle qui, tel l'Erika, ont provoqué des catastrophes écologiques irréparables. Elle a aussi abouti à l'embauche de marins pour des salaires très inférieurs à ceux pratiqués dans les pays européens, avec des conditions et des rythmes de travail inacceptables, la suppression des protections sociales et salariales contenues dans les conventions collectives. Elle est aussi en partie responsable de la dégradation des conditions de navigation que viennent régulièrement illustrer des naufrages.

En 2003, la même directive avait déjà été discutée -et rejetée- au Parlement européen. Déjà, les dockers s'étaient mobilisés. Aujourd'hui, on leur ressert la même proposition qui aboutirait à remettre en cause leur statut et même leur existence, à supprimer des milliers d'emplois.

Mardi 18 janvier, il apparaissait que très probablement le Parlement européen ne voterait pas le projet. Cela n'empêchera sans doute pas celui-ci de revenir, sous cette forme ou sous une autre, et les dockers, et tous les travailleurs concernés, auront intérêt à maintenir leur mobilisation.

Partager