Liberia : Un pays ravagé18/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1955.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Liberia : Un pays ravagé

Le 16 janvier, Ellen Johnson-Sirleaf est devenue officiellement présidente du Liberia. Elle est la première femme à accéder à la tête d'un État sur le continent africain. Certains commentateurs veulent voir dans ce changement une chance pour l'avenir de ce petit pays de l'Afrique de l'Ouest, sorti exsangue de quatorze années d'une guerre civile particulièrement meurtrière.

Pourtant, rien n'est moins sûr. Âgée de 67 ans et issue de l'élite afro-américaine descendant des esclaves affranchis qui au milieu du 19e siècle fondèrent le pays, Ellen Johnson-Sirleaf a derrière elle un passé qui ne laisse entrevoir que peu d'espoir d'améliorations pour la population. En effet, après des études supérieures aux États-Unis et un passage à la Banque mondiale, elle débuta sa carrière politique comme ministre des Finances du président William Tolbert à la fin des années 1970. Ce dernier ayant été renversé et assassiné par le sergent Samuel Doe en 1980, elle s'engagea aux côtés de Charles Taylor, lorsque celui-ci revint d'exil en 1989 et déclencha la guerre civile pour chasser Samuel Doe du pouvoir. En dépit de tous les massacres commis par les bandes armées de Taylor, Ellen Johnson-Sirleaf attendit 1997 pour rompre avec le dictateur, se posant en concurrente lors des élections présidentielles de cette année-là.

Après quatorze années d'une guerre civile qui a fait 250000 morts et provoqué le déplacement de centaines de milliers d'habitants sur une population d'un peu plus de trois millions, le Liberia est un pays dévasté. Toutes les infrastructures et les services publics, tels que les réseaux d'eau potable et d'électricité, les routes, les écoles, les hôpitaux y sont à construire ou reconstruire. Mais le pays est pris à la gorge par le remboursement d'une dette publique atteignant 3milliards de dollars. Quant au taux de chômage, qui dépasse 80%, il ne facilite pas la réinsertion des 100000 jeunes ex-combattants, réduits à l'inactivité depuis 2003 avec la fin de la guerre civile et faisant peser une lourde menace sur l'avenir du pays. De plus, la guerre n'a fait qu'aggraver la corruption qui gangrène tous les rouages de la société.

Le Liberia n'est pourtant pas un pays dénué de ressources. Le pays regorge entre autres de diamants, de minerai de fer, de caoutchouc et de bois. Mais toutes ces richesses profitent bien plus aux trusts, en particulier aux trusts américains, qu'à la population locale, car depuis sa fondation, le pays n'a jamais cessé d'être sous leur tutelle. La guerre civile n'y a rien changé, sinon apporté son lot de destructions. Et ce n'est pas non plus avec Ellen Johnson-Sirleaf que les choses risquent de changer vraiment.

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