Les surenchères d'Arcelor en vue d'une acquisition : Des milliards pendant que les licenciements continuent18/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1955.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les surenchères d'Arcelor en vue d'une acquisition : Des milliards pendant que les licenciements continuent

Rien ne semble devoir arrêter la frénésie qui s'est emparée d'Arcelor, qui débloque milliard sur milliard en vue d'arracher le contrôle boursier sur le groupe sidérurgiste canadien Dofasco. Arcelor est issu du groupe sidérurgiste français Sollac, qui s'est associé ou a absorbé ses concurrents belges, luxembourgeois et espagnol, pour devenir un des premiers groupes mondiaux. Cette montée en puissance s'est faite sur des milliers de licenciements et des régions entières transformées en déserts industriels.

Les profits d'Arcelor ont connu depuis des années des résultats à deux chiffres, dépassant allègrement les 10% et parfois nettement les 30% d'augmentation annuelle. Mais cette richesse et cette prospérité insolente n'ont jamais mis fin aux suppressions d'emplois

à travers le monde. Aujourd'hui le plan de plusieurs milliers de licenciements, initié il y a près de deux ans, se poursuit partout.

À l'heure actuelle par exemple, on programme des licenciements de salariés âgés de 35 ans à Montataire dans l'Oise pendant que des salariés ayant largement dépassé les 60 ans, jusqu'à 64 ans, sont obligés de rester au travail en 4x8, dans des conditions très dures. Simplement parce qu'ils n'ont pas leurs 40 ans de cotisations et qu'Arcelor ne veut pas dépenser un centime pour leur payer un départ en retraite. De plus Arcelor a institué en France, au moins dans certaines divisions, un système qui revient à baisser d'au moins 5% le salaire des nouveaux ouvriers embauchés et oblige de fait les autres salariés à redonner au patron une partie des jours de congés qu'ils ont gagnés.

Ce sont tous ces sacrifices, ajoutés à bien d'autres, qui permettent aujourd'hui à Arcelor de s'engager dans une surenchère avec le géant allemand Thyssen pour savoir qui des deux mettra la main sur le sidérurgiste canadien qui contrôle une partie des fournitures d'acier à l'industrie automobile américaine. En quelques jours l'offre initiale a été augmentée, par paliers successifs, de 30% par rapport à la mise initiale, pour atteindre, au moment de la dernière offre faite par Arcelor, 4,1 milliards d'euros. C'est l'équivalent du salaire de 163000 ouvriers pendant une année, c'est-à-dire plus que les 94000 salariés actuels du groupe Arcelor dans le monde.

Les travailleurs auraient mille fois raison de se révolter contre ces patrons en exigeant qu'ils leur rendent les milliards qu'on leur a volés sur leur sueur, la misère de milliers d'entre eux jetés à la rue, voire sur la vie d'autres, empoisonnés par l'amiante ou les poussières et par suite du manque de sécurité.

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