Italie : Défendre la loi sur l'avortement18/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1955.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Défendre la loi sur l'avortement

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi 14 janvier à Milan pour la défense de la loi sur l'avortement. La manifestation était organisée par le mouvement Sortons du silence, récemment fondé à l'initiative de syndicalistes et de féministes. Les slogans proclamaient entre autres: "Stop au harcèlement clérical!"

En même temps avait lieu à Rome une manifestation en faveur de l'instauration d'un PACS et demandant aux dirigeants de la gauche, qui s'apprêtent à revenir au gouvernement, de s'engager sur ce point.

En Italie, cela fait plusieurs mois que l'Église et les associations cléricales ont entamé une campagne virulente contre tout ce qui a trait au droit des femmes à disposer de leur corps. En juin 2005, les dirigeants de l'Église italienne ont d'abord fait échouer un référendum remettant en cause la loi réactionnaire sur la fécondation assistée. En novembre, ils ont fait campagne contre la diffusion de la pilule abortive RU 486. Au même moment, le ministre de la Santé évoquait la possibilité de faire intervenir dans les centres de consultation pré-avortement des "bénévoles" qui pourraient offrir leurs conseils aux femmes. Le prétexte était de faire respecter dans ces centres "une présence culturelle pluraliste". L'Église et son Mouvement pour la vie avaient bien évidemment approuvé l'initiative.

Maintenant la droite au pouvoir a ouvert une enquête parlementaire, avec l'accord d'une partie de la gauche catholique, pour faire le point sur l'application de la loi sur l'avortement. Officiellement, il ne s'agit pas de remettre en cause la loi sur l'IVG mais de vérifier sa mise en oeuvre en examinant le fonctionnement des centres de consultation dont les crédits ont déjà été réduits, comme le dénonçaient les manifestants. C'est d'une parfaite hypocrisie car le seul but du gouvernement est de torpiller la loi qui est pourtant relativement modérée puisqu'elle n'autorise l'avortement que dans les trois premiers mois de la grossesse, en cas de danger pour la vie de la mère ou de risques d'anomalies pour l'enfant.

En reprenant le chemin des manifestations, à trois mois des élections législatives, les organisatrices du mouvement Sortons du silence veulent obliger les représentants politiques à s'engager sur leurs revendications. À droite, c'est clair: le ministre des Réformes a dénoncé "les manifestations qui donnent la nausée"; le président du Sénat a affirmé que "l'avortement est un petit homicide". Quant à Romano Prodi, leader de la gauche et catholique, il s'est prudemment abstenu de participer à cette manifestation qu'il a déclarée "inopportune" si près des élections, pendant que les partis de la coalition de centre-gauche qu'il dirige restaient très évasifs sur la question. Les féministes et les défenseurs de la loi sur l'avortement ont du travail en perspective.

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