Six mois après avoir instauré le contrat nouvelle embauche (CNE) réservé aux entreprises de moins de vingt salariés, Villepin passe à la deuxième étape de son "plan de bataille" en annonçant, pour les moins de 26 ans, l'extension du CNE à toutes les entreprises.

Pour la forme, ce CNE élargi est dénommé "contrat première embauche" mais il s'agit bel et bien de la même arnaque qui prévoit que pendant la "période d'essai" de deux ans, un patron peut licencier un salarié sans aucune justification.

À partir du moment où le gouvernement avait pratiqué une brèche avec cette nouvelle forme de contrat de travail, il n'était pas besoin d'être devin pour prévoir qu'il allait la généraliser. La question en suspend était "quand?". Il n'a pas fallu attendre bien longtemps.

On nous avait servi le sempiternel refrain sur les petites entreprises qui voudraient embaucher mais ne le peuvent pas, étranglées par trop de contraintes. Un sondage récent confirme que, même sans CNE, 71% des patrons interrogés auraient recruté de toute façon, mais cela ne les empêchent pas de profiter de l'aubaine.

Pour justifier cette extension du CNE aux entreprises de plus de vingt salariés, on met en avant la lutte contre le chômage des jeunes, alors que la raison d'une telle mesure est la même que pour les CNE: offrir aux patrons, petits et grands, la main-d'oeuvre dont ils ont besoin, qu'ils peuvent trier et jeter si le travailleur ne leur convient pas, ou si les commandes diminuent. En ayant, bien entendu, profité des avantages liés à ce type de contrat.

Jeunes ou vieux, c'est bien à tous les salariés que la représentante des patrons voudrait faire avaler la même pilule. Le jour même des annonces de Villepin, Laurence Parisot, la présidente du Medef, déclarait que "appliquer le CNE uniquement à une catégorie selon un critère d'âge risque de dévaloriser ce contrat très prometteur", concluant tranquillement: "La bonne formule serait plutôt d'étendre le CNE à toutes les entreprises."

Les décisions de ses amis du gouvernement s'inscrivent tout à fait dans cette volonté de transformer l'ensemble des salariés en main-d'oeuvre taillable et corvéable à merci. Villepin ne s'en cache pas, promettant de tirer dans les prochains mois, "les conséquences du lancement réussi du contrat nouvelles embauches pour lancer une réflexion sur l'évolution générale des contrats de travail dans notre pays". Et d'ajouter, "certains envisagent un contrat unique, d'autres souhaitent étendre le contrat nouvelles embauches, toutes ces options sont sur la table de la concertation"!

Raison de plus pour se préparer à riposter tous ensemble et à rendre la monnaie de leur pièce à ce patronat arrogant et insatiable et à ses serviteurs et néanmoins amis du gouvernement.