"Papy-boom" et remise en cause des retraites04/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1953.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

"Papy-boom" et remise en cause des retraites

La justice: gagner plus sans retarder l'âge des départs

Voilà qu'avec la nouvelle année des économistes, relayés par une partie de la presse, remettent sur le tapis "la menace" que représenterait l'arrivée à la retraite des générations dites du papy-boom. Il s'agit des salariés qui sont nés juste après la guerre, qui naturellement étaient plus nombreux que ceux de la génération précédente.

Tout se passe comme si ces économistes et journalistes agissaient en éclaireurs ayant pour tâche de tester les réactions des salariés avant de nouvelles attaques contre les retraites. Ainsi, Le Parisien justifie un sondage où il était demandé aux sondés s'ils trouvaient bon ou mauvais de retarder l'âge de la retraite. 77% ont répondu que c'était une mauvaise chose. Ce qui est réconfortant. Mais la mise en condition ne s'arrêtera pas là.

Il y a quelques mois, Thierry Breton, le ministre de l'Économie, parlait "d'une France qui ne travaille pas assez". Juste avant les fêtes c'était à propos de la dette du pays que le même Breton, puis Villepin et d'autres avaient affirmé sans rire que le "poids des retraites des fonctionnaires" en était une des causes majeures.

On nous dit qu'en 2040 il y aurait sept retraités pour dix actifs, voire dans cinquante ans un retraité pour un actif. Et alors, en quoi est-ce un problème? En un siècle la productivité horaire du travail a été multipliée par seize, principalement pendant les trente dernières années.

La mise en condition pour de nouvelles remises en cause du droit des retraités a vraiment quelque chose d'indécent. Les travailleurs n'ont pu bénéficier que pendant une quinzaine d'années d'une retraite un peu plus correcte. Il s'agissait de ceux qui étaient sous le régime de cotisation où il suffisait d'avoir cotisé trente-sept ans et demi pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Ce fut le cas dans les années 1970 et au début des années 1980. Le candidat Mitterrand avait fait de la retraite à soixante ans l'une de ses 101 propositions. Celle-ci entra dans les faits en 1983 mais par la suite il n'y eut qu'une succession de remises en cause des droits des retraités, commencées sous la gauche et ce même Mitterrand, puis continuées par la droite, avec en particulier sous Balladur l'obligation d'avoir cotisé quarante ans pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Et dans le même temps l'État pillait les caisses de la Sécurité sociale et de retraites pour faire toujours plus de cadeaux aux patrons, leur offrant sans compter baisses de charges sur baisses de charges.

Ceux qui arrivent aujourd'hui à la retraite après avoir subi de plein fouet le chômage de masse que le pays connaît depuis plus de vingt ans font l'amer constat qu'ils ont été deux fois victimes. D'abord en tant que chômeurs, avec le désastre que cela peut vouloir dire parfois; et plus tard en tant que retraités, et ce jusqu'à la fin de leur vie. Ce n'est que quand il demande à faire valoir ses droits à la retraite que le salarié peut constater que ses droits, à la retraite de base et complémentaire, ne sont pas complets. Ainsi, s'il a été un temps érémiste, ou s'il a suivi une formation de longue durée pour se reconvertir, il aura perdu l'intégralité de ses droits pendant toute la période correspondante. Quant aux chômeurs de longue durée qui se seront retrouvés en fin de droits des Assedic, en Allocation spécifique de solidarité, ASS (500000 en moyenne ces dernières années), ils constateront qu'ils ont été privés de droit à la retraite complémentaire pour cette période.

Tout cela, ajouté aux conséquences du changement de mode de calcul et de l'augmentation des prélèvements obligatoires, fait que les retraites perçues sont de plus en plus basses et ne vont cesser de baisser.

C'est cela qui est scandaleux, au moment où les profits des entreprises explosent et où les riches choyés de cadeaux fiscaux fêtent, en cette nouvelle année, une fortune qui s'est accrue.

La moindre justice serait au contraire de permettre à chacun de s'arrêter assez tôt pour ne pas s'être usé au travail, avec une retraite qui permette de vivre décemment.

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