Mise en place du "parcours de soins coordonné" : Un jeu de l'oie où on perd à tous les coups04/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1953.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mise en place du "parcours de soins coordonné" : Un jeu de l'oie où on perd à tous les coups

Depuis le 1er janvier, il faut avoir désigné son "médecin traitant" pour espérer être remboursé comme avant de ses frais de consultation médicale par la Sécurité sociale. Mais ce n'est pas si simple. Le "parcours de soins coordonné" inventé dans les bureaux des ministères a tout d'un labyrinthe semé d'embûches et... de pénalités financières.

Quand il a été mis en place dans le cadre de la réforme de l'assurance-maladie le "parcours de soins coordonné" avait deux objectifs principaux: une amélioration de la qualité des soins grâce au rôle de coordination du "médecin traitant" et un colmatage du "trou" de la Sécurité sociale par les économies réalisées. Pour ce qui concerne la qualité des soins, on ne voit pas en quoi le nouveau "médecin traitant" serait meilleur que le bon vieux médecin de famille, d'autant que c'est généralement ce dernier qui a été rebaptisé du nouveau nom par la seule vertu d'un formulaire administratif. Quant aux économies, il n'est pas du tout certain que la Sécurité sociale en fera, ne serait-ce que parce que désormais, avant d'aller voir un médecin spécialiste, il faudra d'abord aller voir le fameux médecin traitant; soit un bilan pour la Sécu de deux consultations à rembourser au lieu d'une seule...

Et puis, c'est un véritable casse-tête pour savoir comment procéder pour ne pas être plus mal remboursé qu'avant. En tout premier lieu, il faut donc déclarer son médecin traitant. La consultation chez un généraliste de secteur 1 (ceux qui pratiquent les tarifs de la Sécurité sociale) coûte 20euros et est remboursée 13euros, c'est-à-dire à 70%, moins l'euro de racket désormais acquitté sur toutes les consultations médicales. En revanche, la consultation chez le même généraliste, mais qui ne serait pas le "médecin traitant", ne sera, elle, remboursée qu'à 60%... Seules exceptions, le généraliste qu'on va consulter quand on est en vacances, en déplacement ou celui qui remplace le "médecin traitant" quand lui-même est en congé.

Chez les médecins spécialistes, là aussi, attention aux pièges. La consultation chez un même spécialiste n'est pas remboursée au même tarif selon qu'on y est envoyé par son "médecin traitant" ou qu'on y va de son plein gré. Dans le premier cas, pour un spécialiste de secteur 1, le tarif est de 27 euros et on est remboursé à 70%. Dans le deuxième cas, le même spécialiste peut demander de 27 à 32 euros et la Sécu ne rembourse que 65% sur la base d'un forfait de 25 euros! Et tout se complique encore avec les spécialistes de secteur 2, ceux qui pratiquent des honoraires libres... Et puis, il y a aussi le cas du spécialiste auquel le médecin traitant adresse un malade pour un "avis ponctuel" et qui alors facture sa consultation à 40euros. Il faut aussi tenir compte des spécialistes que l'on peut consulter sans passer par la case "médecin traitant" et sans pour autant être pénalisé, tels que les ophtalmologistes et les gynécologues, et puis aussi du type de suivi médical pratiqué par ces spécialistes. Bref, comme le disait un représentant des sociétés de mutuelles: "Il y a plusieurs centaines de cas de figure. Nous en découvrons tous les jours."

Le seul résultat possible de tout ce bazar, c'est que bien des gens hésiteront encore plus à se soigner. Et c'est bien le but recherché, c'est là que résident les espoirs d'économies pour l'assurance-maladie.

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