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- Lutte ouvrière n°1953
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Leur société
La préfecture de Bobigny refuse des braseros aux étrangers : La xénophobie banale de l'administration française
Le nombre de guichets destinés aux étrangers dans les préfectures, et le personnel qui s'en occupe, est en quantité ridiculement insuffisante par rapport à ceux, nombreux qui sont contraints de s'adresser à leurs services pour les renouvellements des cartes de séjour, le remplacement de papiers perdus ou volés, etc.
Il y a, chaque jour ouvrable, des queues à n'en plus finir. Celles-ci varient selon les préfectures bien sûr, mais c'est en région parisienne que les records d'affluence sont les plus importants, en particulier à l'antenne de la préfecture de la rue d'Aubervilliers, à Paris, ou pour les étudiants rue Miollis, ou encore à la préfecture de Bobigny, en Seine-Saint-Denis.
Pour l'antenne de la rue d'Aubervilliers, seuls les trente premiers sont acceptés aux guichets alors qu'il y a tous les jours des queues de plusieurs centaines de personnes. Ou plus exactement toutes les nuits, car pour avoir la moindre chance de passer, il faut être sur place très tôt le matin. Certains sont donc contraints de passer la nuit dehors. C'est comme cela toutes les nuits, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il gèle.
Pour certaines démarches il faut la présence du mari et de l'épouse, et faute de pouvoir faire garder les enfants, il y a aussi de jeunes enfants, parfois même des bébés, qui sont dans la queue.
À la préfecture de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, il y a généralement plus de mille personnes qui attendent.
La nuit du 30 décembre, le thermomètre descendait en dessous de zéro, la municipalité PCF de Bobigny a fait apporter, vers 5 heures du matin, cinq braseros disposés le long de la file d'attente pour que les étrangers frigorifiés puissent se réchauffer un peu.
Le lendemain, le préfet les faisait interdire au motif que "ces braseros présentaient un danger important pour les personnes et notamment les enfants dès lors qu'ils n'avaient aucune protection. En plus du drame humain, des brûlures auraient engagé la responsabilité de l'État et de la commune".
Certes ces appareils rudimentaires comportent des risques, mais laisser des gens dehors, alors qu'il gèle, n'en comporte-t-il pas, et en particulier pour les enfants dont le préfet reconnaît la présence?
Les nuits glaciales, ces autorités ne cessent de répéter qu'il faut aussitôt appeler le 115 si l'on voit des gens sans abri. Eh bien des sans-abri il y en a, au vu et au su de tout le monde... devant les préfectures. Ni la police ni l'administration ne font rien pour eux. Au contraire, lorsqu'il y a un geste de solidarité élémentaire, elles l'interdisent!