Chèques payants : Les clients vaches à lait04/01/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/01/une1953.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chèques payants : Les clients vaches à lait

À compter du 1er janvier, le CIC fera payer 50 centimes d'euro chaque remise et émission de chèques ainsi que chaque retrait et versement en espèces au guichet, au-delà de quinze opérations par trimestre. C'est une première, puisqu'en France l'utilisation des chèques n'était jusqu'alors pas payante dans les grands réseaux nationaux.

Le CIC prétend que seuls 5% de ses clients seront concernés par cette mesure qui ne touchera pas les plus de 60 ans, les moins de 25 ans et les plus démunis, titulaires du service bancaire universel. La banque -est-ce de l'ironie- indique que les personnes interdites de chéquier ne seront pas concernées... Pour le moment les autres grandes banques disent ne pas vouloir suivre l'exemple du CIC, attendant sans doute de voir les réactions de la clientèle.

L'argument, avancé de longue date, est que les chèques demandent des manipulations importantes et mobilisent trop de personnel. En France, selon les banquiers, on ferait encore trop de chèques, on n'utiliserait pas assez les cartes bancaires. Cela nuirait à leur rentabilité, eux qui veulent "rationnaliser" leurs activités pour augmenter leurs profits, ce qui passe par des réductions d'effectifs importantes.

Une fois de plus les banquiers font donc les poches de leurs clients. Tout d'abord parce que, d'après l'estimation de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, traiter un chèque ne reviendrait qu'à 26 centimes d'euro et pas à 50... mais aussi parce que ce coût de traitement est déjà intégré dans les frais bancaires que toutes les banques -et pas seulement le CIC- font payer, et chèrement, à tous leurs clients.

Ces frais représentent des gains considérables. Une enquête menée fin 2004 par l'UFC-Que Choisir indique qu'ils ont rapporté 5,7 milliards d'euros au Crédit Agricole, 5 milliards à la Société Générale, 4,3 milliards à BNP-Paribas et 2,1 milliards au Crédit Lyonnais. Cette association, en étudiant les tarifs bancaires de vingt-trois banques, avait trouvé 180 types de frais différents et, pour un seul compte courant d'un client ordinaire, 47 possibilités de frais bancaires... Par exemple, pour un découvert bancaire, "la banque compte des frais pour savoir si le découvert est autorisé, puis des frais de présomption de rejet de chèque, puis des frais de rejet, puis des frais de courrier, puis des agios sur les frais. À quoi s'ajoute immanquablement une pénalité fiscale pour chèque sans provision". Et pour que le client s'y retrouve dans un tel dédale, on ne peut pas compter sur les banquiers, qui pratiquent l'opacité maximale!

Une chose est certaine, tous ces frais participent largement aux énormes bénéfices des banquiers. Rien qu'au dernier trimestre 2005, ils sont en augmentation de 59% pour le Crédit Agricole, de 40% pour la Société Générale et de 22% pour BNP-Paribas. Et avec 4,5 milliards d'euros pour les trois premiers trimestres de 2005, cette dernière est au premier rang européen en terme de bénéfices. Tout cela se fait sur le dos et avec l'argent de gens qui n'ont pas d'autre choix que de le confier à ces banques. UFC-Que Choisir a intitulé son enquête "Hold-up sur vos comptes". Le mot est juste, même si l'attitude des banquiers est injuste.

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