Procès d'Outreau : Un secret qui favorise la sérénité, mais pas la vérité29/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1952.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès d'Outreau : Un secret qui favorise la sérénité, mais pas la vérité

Les treize acquittés du procès d'Outreau ont réclamé, dans une pétition publiée le 26 décembre, que les débats de la commission d'enquête parlementaire chargée d'étudier le dysfonctionnement de la justice révélé à la suite de leur affaire soient ouverts au public.

Dans leur pétition, ils rappellent qu'au total vingt-six années de détention provisoire avaient été infligées à quatorze innocents - l'un d'entre eux étant mort en prison. Ils dénoncent dans cette pétition "l'hermétisme d'une enquête menée à charge" par le juge d'instruction et par la chambre criminelle de la Cour de cassation. Ils détaillent la façon dont, à chaque étape, le secret de la procédure à laquelle ils ont été soumis avait conduit à rejeter les demandes de mise en liberté puis à les envoyer devant une cour d'assises. Ainsi, expliquent ces treize acquittés, "le secret dans lequel a baigné cette affaire est l'un des ingrédients du désastre".

Après celui-ci, on aurait pu espérer que les députés membres de la commission d'enquête (19 UMP, 8 PS, 2 UDF, 1 PC) allaient mener leurs auditions au grand jour. Eh bien non! Si deux membres de cette commission se sont déclarés favorables à des débats publics, son président, le député André Vallini, secrétaire national du PS chargé, au sein de son parti, des questions liées à la justice, a tranché: il n'y aura "ni micro ni caméra sauf au cas par cas, avec l'accord des personnes auditionnées". Ainsi, toute latitude est laissée aux services de la police et de la justice, qui portent une lourde responsabilité dans le déroulement du procès, de décider s'ils ont à rendre des comptes ouvertement ou pas.

La publicité des auditions et des débats aurait au moins permis, en mettant tout sur la table, de vérifier les omissions des uns, les mensonges des autres. Les "dysfonctionnements" auraient ainsi pu être mis au clair, et cela aux yeux de tous. La justice, qui prétend juger au nom du peuple français, aurait peut-être rétabli un peu son image.

Mais pour se justifier, André Vallini a déclaré que "la volonté de sérénité a prévalu pour les débats". Et en effet si cette commission se fixe comme objectif de maintenir la "sérénité" du corps judiciaire, des services de police et autres instances mises sur la sellette dans cette affaire, il est vrai qu'il vaut mieux qu'elle agisse en secret. Ceux qui, un peu naïvement, croyaient que cette commission avait pour but qu'il n'y ait plus de nouvel "Outreau" ont simplement fait une erreur de jugement!

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