Les statistiques du ministère du Travail sont-elles fiables?29/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1952.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Les statistiques du ministère du Travail sont-elles fiables?

850 personnes travaillent à l'administration centrale du ministère du Travail, dont près de 200 dans un service de statistique.

Mais il y a statistique et statistique. Il y a des chiffres "sensibles" que tout le monde s'arrache: les chiffres du chômage. Ces chiffres ont été triturés par les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, qui en ont éliminé successivement des catégories de chômeurs, mais ils n'en restent pas moins accusateurs. Les bureaux qui les traitent sont munis de serrures à code.

D'autres chiffres, en revanche, ont toujours deux ans de retard minimum sur la situation qu'ils décrivent, essentiellement du fait de la complexité et du sérieux de leur traitement. C'est le cas des bureaux chargés de l'évolution des conditions de travail, accidents de travail, santé au travail. Les enquêtes sont détaillées, très sérieuses, avec des méthodes d'interrogation qui permettent de s'assurer de la solidité des résultats. Les médecins du Travail réalisent eux-mêmes certaines enquêtes auprès des salariés. Ces enquêtes ont montré à quel point, ces dernières années, la situation du travail s'est vite détériorée, comment les maladies liées à la rapidité du travail, des gestes, et au stress, prenaient des proportions très importantes. Mais les hommes qui nous gouvernent préfèrent éviter toute publicité autour de ces statistiques concernant le chômage, les conditions de vie, et sur la manière dont elles sont établies.

Lorsqu'il avait annoncé la signature de 100000 contrats "nouvelles embauches", le gouvernement n'a pas pu empêcher la presse de remarquer qu'il s'agissait de chiffres non vérifiés, issus des services de l'Urssaf. Pourtant, les employés du ministère auraient pu le faire: nous sommes des dizaines qui avons pour fonction journalière de questionner les employeurs, de vérifier leurs réponses, de rectifier les erreurs, pour des enquêtes concernant l'emploi. Mais Villepin avait trop besoin d'une annonce spectaculaire pour demander une telle vérification.

Enfin, certaines enquêtes, comme par exemple "L'effet des indemnités de chômage sur la recherche d'emploi", ou encore "Que pensent les CDD et les intérimaires de leur contrat?", mériteraient de recevoir une réponse claire et nette, non dans les statistiques mais dans la rue.

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