Grève des médecins étrangers : Précaires, sous-payés mais... indispensables29/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1952.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Grève des médecins étrangers : Précaires, sous-payés mais... indispensables

Pendant le week-end de Noël, les praticiens à diplôme hors Union européenne, en abrégé les Padhue, étaient appelés à la grève.

Ces médecins "étrangers", dépourvus du diplôme français bien que majoritairement eux-mêmes de nationalité française, sont environ 6000 dans le pays et exercent dans les hôpitaux et établissements de don du sang, dont 1500 depuis dix ou quinze ans. Ils exercent sans statut, sous des contrats précaires et sans cesse renouvelés, avec des rythmes de travail imposés et pour un salaire parfois inférieur de moitié à celui de leurs collègues munis du diplôme français et exerçant les mêmes responsabilités.

Ainsi un "praticien adjoint contractuel" gagnerait, selon l'association des médecins urgentistes qui soutient le mouvement, une moyenne de 2200 euros par mois contre 3900 pour un praticien hospitalier titulaire. Les directeurs d'établissements hospitaliers reconnaissent leur compétence puisqu'ils exercent "de façon complètement autonome dans les hôpitaux publics français (garde de seniors, astreintes, prélèvements dans le cadre du don du sang, interventions chirurgicales, anesthésie, réquisition par le procureur de la République, prescription de stupéfiants, participation à des jurys de concours et formation des internes)", ainsi que les représentants de leur intersyndicale le précisent dans une lettre au ministre de la Santé.

Depuis près de vingt ans, les médecins "étrangers" se sont battus pour obtenir quelques améliorations. Mais la pénurie criante dans le secteur hospitalier oblige à en recruter sans cesse de nouveaux, bien au-delà du contingent dont la situation a été en partie "régularisée" en 1999 par le ministre de l'époque, Bernard Kouchner. Cependant, le fait que l'hôpital fonctionne en grande partie grâce à eux, s'il n'échappe pas à quiconque a fréquenté l'hôpital de nuit, le week-end ou en période de vacances, ne suffit pas aux pouvoirs publics pour accéder à leurs revendications, pourtant légitimes.

Ils en ont assez d'être des médecins au rabais. Ils protestent contre le faible nombre de postes offerts au concours de validation des diplômes étrangers (599 pour 2005) et contre le fait que les années d'expérience et les "services rendus" dans les hôpitaux ne soient pas pris en compte, ce qui lèse en particulier ceux qui exercent depuis longtemps. Ils présentent comme une "priorité absolue la régularisation des 1500 praticiens qui sont en poste et qui peuvent justifier de cinq ans d'expérience en fonction autonome". Ils demandent également leur inscription à l'Ordre des médecins. Des promesses leur ont été faites par les autorités ministérielles lors de leurs précédentes mobilisations, dont ils ne voient toujours pas l'application.

Leur intersyndicale annonce donc, après la réussite de leur grève de Noël pendant laquelle ils ont été réquisitionnés, la poursuite de leur mouvement par des piquets de protestation hebdomadaires devant Matignon, puis un rassemblement devant le ministère de la Santé le 13 janvier, à l'occasion de la présentation par celui-ci du plan de recrutement des médecins.

La lenteur des réactions du gouvernement est symbolique à la fois de la politique d'économies qui conduit à la grande misère des hôpitaux publics et de la prétendue politique "d'égalité des chances" à la sauce Villepin-Sarkozy... y compris pour des médecins.

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