Burgess-Norton (ex-IP Marti) – Vieux-Charmont (Doubs) : Peugeot doit garantir l'emploi des travailleurs!29/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1952.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Burgess-Norton (ex-IP Marti) – Vieux-Charmont (Doubs) : Peugeot doit garantir l'emploi des travailleurs!

Une explosion de joie a accueilli l'annonce, mercredi 21 décembre, que le tribunal déboutait de toutes ses demandes la société Burgess-Norton, propriétaire de l'usine IP Marti. Celle-ci avait l'audace de réclamer - au nom de la "liberté du travail"! - l'expulsion des 70 travailleurs qui occupaient le site depuis le 21 novembre. Elle y ajoutait une demande d'astreinte financière de 153 euros par jour à l'encontre de quatre militants CGT.

Dans son jugement, le tribunal relève que "le souci affiché par la direction est de faire expulser les grévistes, non pas pour reprendre l'activité de production, mais dans le seul but de pouvoir pénétrer dans les lieux et y tenir la réunion du comité d'entreprise qui pourrait consacrer la fermeture définitive du site".

En grève depuis le 21 novembre

Chez Marti, on fabrique des axes de piston pour moteurs, essentiellement pour l'automobile, 60% de la production étant destinée à PSA. Lundi 21 novembre, les travailleurs avaient découvert que leur patron avait profité du week-end pour déménager dans leur dos un stock de 160000 pièces. Le jour même, le patron annonçait la cessation d'activité de l'usine, la délocalisation de la production dans une autre usine du groupe en Italie, près de Turin, et le licenciement de tous les salariés.

Les travailleurs se sont mis immédiatement en grève, avec occupation de jour comme de nuit, le mouvement étant dirigé par la CGT. Pour les grévistes, il n'est pas question de se laisser licencier. La fermeture de l'usine a tout d'un assassinat prémédité dans le seul but de permettre à Burgess-Norton de faire un peu plus de profits en rassemblant ses activités sur un seul site. D'autant que, selon l'expert-comptable du comité d'entreprise, des transferts de fonds pas très clairs ont eu lieu régulièrement, sous prétexte de prestations diverses, de l'usine de Vieux-Charmont vers le groupe.

Interpellé par les grévistes, le patron de Burgess-Norton a affirmé qu'il n'était pas question de maintenir l'activité car "on n'est pas à la Sécurité sociale". Des propos méprisants qui n'ont eu comme résultat que d'indigner les travailleurs et de les conforter dans leur bon droit. Depuis, les actions n'ont pas cessé. Une journée "portes ouvertes", le 10 décembre, a rassemblé plusieurs centaines de salariés et de syndicalistes des usines des environs. Les grévistes ont fait des collectes de soutien, notamment aux portes de l'usine Peugeot Sochaux, toute proche, avec le soutien des militants CGT de PSA.

Le 20 décembre, une forte délégation se rendait à la direction de Peugeot à Poissy où elle était accueillie par des syndicalistes des usines du groupe PSA de la région parisienne. Peugeot leur a affirmé ne pas pouvoir intervenir dans les affaires de Burgess-Norton. Mais avec sa politique de "réduction des coûts" chez les sous-traitants, Peugeot est directement responsable.

D'ailleurs, de nombreux sous-traitants de la région emboîtent le pas et annoncent qui des licenciements, qui des renvois d'intérimaires. Et Peugeot n'est pas en reste: il a annoncé le renvoi de 670 ouvriers intérimaires et CDD du site de Sochaux d'ici la fin février.

À 70, les travailleurs d'IP Marti font beaucoup parler d'eux, il faut dire qu'ils ont une solide tradition de luttes. Ils refusent de se retrouver à la porte. Leur lutte est accueillie avec sympathie par une grande partie des ouvriers de Peugeot et des sous-traitants: tout le monde se sent menacé par la rapacité du patronat qui est prêt à rayer une usine de la carte pour espérer un peu plus de profits ailleurs.

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