Taxe sur les produits textiles : Pas question de déshabiller les patrons22/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1951.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Taxe sur les produits textiles : Pas question de déshabiller les patrons

La "contribution environnementale textile", appelée taxe Emmaüs, a été finalement rejetée le 15 décembre dernier, sur recommandation du gouvernement.

Cette taxe devait être payée par "toute personne physique ou morale qui distribue sur le marché des produits textiles destinés à l'habillement, du linge de maison, des cuirs et chaussures", c'est-à-dire par le patronat de l'industrie textile comme par celui de la distribution. Il était prévu de reverser cette contribution financière à ceux "qui prennent en charge la collecte, le tri et la revalorisation" des produits en question arrivés "en fin de vie", comme Emmaüs par exemple, à condition qu'ils "emploient 30% minimum de personnel sous contrat aidé dans le cadre de la politique de l'emploi et de l'insertion".

Cette taxe avait été proposée par un député UMP qui en fixait le montant à un ou deux centimes d'euros par bien vendu et qui souhaitait qu'elle figure dans le budget 2006. Approuvée à l'unanimité, en première lecture, à l'Assemblée nationale, elle avait également été approuvée par le Sénat... avant que le gouvernement s'y oppose et obtienne son retrait.

Ni le patronat de l'industrie textile, ni celui de la grande distribution n'auront eu besoin de monter au créneau. Deux ministres ont défendu leur cause, Renaud Dutreil, ministre des PME et du commerce, et Nelly Olin, ministre de l'Écologie. Cette dernière ne s'est pas embarrassée d'arguments, demandant "en particulier à Mesdames et Messieurs les sénateurs de la majorité, d'avoir la sagesse de ne pas approuver cette nouvelle taxe, laquelle pèsera sur des entreprises françaises du textile et de l'habillement qui sont aujourd'hui fragilisées et qui ne peuvent supporter un nouveau prélèvement fiscal". Comme si les patrons de l'industrie textile, qui affichent quelque 30 milliards d'euros de chiffre d'affaires, auraient été acculés à la faillite par cette taxe! Le prélèvement financier aurait d'ailleurs été d'autant moins douloureux pour eux qu'il avait toutes les chances d'être pris non sur leurs bénéfices mais dans la poche de leurs clients.

Dans la filière de récupération textile, Emmaüs annonce qu'aujourd'hui, pas moins de 3000 emplois d'insertion sont en jeu. Mais le gouvernement n'en a que faire. La "bataille pour l'emploi" comme il dit, c'est pour les discours mais dans les faits, il n'est pas question de détourner un sou des caisses des patrons pour préserver quelqu'emploi que ce soit.

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