Pourparlers PCF-PS : On nous rejoue la même partie22/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1951.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pourparlers PCF-PS : On nous rejoue la même partie

Comme il était à prévoir, il n'est pas sorti grand-chose de la rencontre entre la délégation du PCF et celle du PS du mardi 20 décembre. En effet, dans ces négociations, on en est encore aux préliminaires. Le PS y a réaffirmé, reprenant les formules qu'il avait déjà martelées à l'issue de son congrès du Mans dans sa "synthèse", qu'il s'agissait de réunir tous ceux qui se déclaraient "prêts à gouverner, avec les socialistes".

François Hollande a insisté sur la nécessité de hâter l'allure. Car, a-t-il dit en substance, on peut certes multiplier forums et rencontres, mais comme les échéances se rapprochent et, à un moment ou à un autre, il faudra décider des contours du regroupement de cette gauche "qui veut gouverner", proposant qu'elle se rassemble autour "d'un contrat de gouvernement". Aujourd'hui, on s'orienterait donc vers un "contrat". Soit. Les étiquettes passées, comme "union de la gauche" ou "gauche plurielle" ont été discréditées, mais on peut faire confiance aux futurs partenaires pour trouver un nouveau nom de baptême à ce qui sortira de leur union.

Mais l'essentiel n'est pas dit. L'alliance qui est en train de se nouer ne peut se constituer qu'à la remorque du PS et à ses conditions. Personne ne peut l'ignorer, à commencer par les dirigeants du PCF.

Marie-George Buffet fait des efforts pour masquer cette réalité de la vie politique réduite à ses aspects électoraux et parlementaires. Elle redit que "la gauche a déjà échoué trois fois" (de 1981 à 1986, de 1988 à 1993, de 1997 à 2002), dont deux fois avec des ministres communistes au gouvernement), comme si cette repentance à répétition pouvait exorciser la prochaine échéance. Elle explique ces échecs par le fait qu'à chaque fois la gauche "pensait gérer toute seule, sans le peuple". Et tout comme Robert Hue répétait à la veille des élections législatives de 1997 qu'il ne faudrait "pas refaire ce qui a échoué", elle redit, presqu'à l'identique, que cette fois peut être la bonne à condition d'impulser une dynamique populaire et pour cela, d'être positif, de ne pas se réfugier dans la contestation.

Même en supposant qu'il puisse en être ainsi et que se crée cette dynamique populaire qu'appelle Marie-George Buffet de ses voeux, serait-elle suffisamment puissante pour imposer au PS d'aller là où il s'est toujours refuser d'aller? Amènerait-elle ce gouvernement de gauche à s'affronter au "mur d'argent", à s'en prendre au patronat et à la bourgeoisie? Il faudrait au moins pour cela que le PCF soit déterminé à pousser dans ce sens, ce que précisément il s'est toujours refusé de faire. C'est avec le PCF au gouvernement que l'on a vu Mauroy, Premier ministre en automne 1983, accuser les grévistes de Citroën d'être manipulés par les ayatollahs. Plus proche de nous, c'est aussi avec le PCF au gouvernement que l'on a vu, face à l'annonce de suppressions d'emplois à Michelin, Jospin se défausser en déclarant qu'il ne fallait pas attendre tout de l'État.

Il faut certes agir pour créer "une dynamique populaire" pour reprendre la formule de Marie-George Buffet. Mais pas de la façon dont elle le conçoit. Il faut, c'est vrai, créer des conditions qui permettent que se développe un mouvement d'ensemble de la classe ouvrière. Pour cela, il ne suffit certes pas de claquer dans les doigts. Mais pas non plus se contenter de phrases creuses sur le fait qu'il faudrait gérer "avec le peuple". Il faut s'appuyer sur la volonté de ceux qui, au sein du monde du travail, veulent inverser le rapport de forces, pour l'instant favorable au patronat. Cela nécessite avant tout d'être clair sur les objectifs et sur les moyens de les atteindre. Depuis la guerre, les deux seules fois où la classe ouvrière a su faire reculer de façon notable le patronat et le gouvernement, ce fut 1968, et dans une bien moindre mesure durant l'hiver 1995. À ces deux occasions, la droite dirigeait le gouvernement. De Gaulle-Pompidou en 1968, Chirac-Juppé en 1995. C'est cette "dynamique populaire"-là qu'il faut recréer. Elle est bien plus positive et réaliste que l'opération qui consiste à nous faire croire qu'Hollande, Strauss-Kahn, Fabius ou Ségolène Royal seront des serviteurs dévoués à la cause ouvrière.

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