Ile-de-France : Trafic de terrains22/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1951.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ile-de-France : Trafic de terrains

Dès janvier prochain, le Conseil régional d'Ile-de-France, à majorité socialiste, mettra en place ce qu'il appelle une "Agence foncière régionale", chargée d'acheter à l'État des terrains à bâtir en vue d'y construire des logements sociaux. Jean-Paul Huchon, le président socialiste du Conseil régional, s'en félicite.

Dans les discours des représentants des pouvoirs publics et du gouvernement, le logement social est à la mode. Passer à la pratique et à la construction sans délai des logements qui manquent est une autre affaire, et la mise en place de cette Agence foncière apparaît surtout comme une opération de façade. Huchon explique qu'"il y a actuellement, en Île-de-France, neuf millions de mètres carrés de terrains appartenant à l'État, dont trois millions sont immédiatement constructibles". Mais qu'attend donc ce gouvernement (comme les précédents d'ailleurs) pour construire lui-même les logements sociaux manquants, puisqu'il possède les terrains pour le faire? Il s'agit entre autres de terrains des grandes administrations, de bâtiments publics ou d'emprises des domaines, etc., sur lesquels il n'aurait même pas besoin de préempter, d'exproprier ou de réquisitionner pour construire immédiatement. Mais il préfère les vendre, en empochant les milliards que cela représente.

Huchon de son côté est content que l'État lui vende les terrains avec, dit-il, "une décote de 20 à 30%". Belle affaire, alors que les prix du foncier en Ile-de-France ont augmenté de 300% en cinq ans et évoluent entre 650 et 4000 euros le mètre carré! Et comment Huchon et le Conseil régional se proposent-ils de trouver l'argent pour acheter à l'État les terrains en question? "Grâce à une nouvelle taxe qui viendra s'ajouter, dès 2006 ou 2007, aux quatre taxes des impôts locaux (taxe foncière, taxe sur les terrains non bâtis, taxe professionnelle, taxe d'habitation) (...) cela se traduira pour les Franciliens par une contribution fiscale supplémentaire de l'ordre de 7 à 8 euros par foyer et par an", déclare Huchon.

Voilà comment les Franciliens vont payer des terrains appartenant à l'État, et qu'ils ont donc, eux, leurs parents ou leurs grands-parents, déjà payés, le tout sans aucune garantie qu'un seul logement pour ceux qui en ont un besoin pressant sortira un jour de terre.

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