Visseries – boulonneries de Fourmies (59) : Usine à vendre, grève pour les salaires07/12/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/12/une1949.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Visseries – boulonneries de Fourmies (59) : Usine à vendre, grève pour les salaires

À l'usine des Visseries et boulonneries de Fourmies (VBF), une partie des ouvriers vient de faire deux jours de grève fin novembre pour protester contre les bas salaires. Cette usine qui emploie 270 travailleurs appartient à une multinationale américaine, Textron, qui envisage actuellement de vendre certaines de ses usines, dont celle de Fourmies.

L'usine VBF a changé quatre fois de propriétaires depuis les années 1970. Les effectifs ont diminué de moitié durant la même période. Son propriétaire actuel, Textron, emploie 43000 personnes dans le monde et réalise un chiffre d'affaires de plus de 10milliards de dollars. Ce groupe industriel a une activité variée, qui comprend les hélicoptères Bell, les avions Cessna, un secteur financier et Textron Fastening Systems (TFS), dont font partie les Visseries de Fourmies. Le groupe fait environ 10% de profit chaque année. L'action a monté de près de 50% en 2004. Mais ses patrons entendent faire encore mieux. TFS, qui représente 20% de l'ensemble, n'a réalisé "que" 3,8% de profit en 2004 et la direction du groupe a donc annoncé début octobre sa décision "d'évaluer la vente" d'une partie ou de la totalité de TFS.

Deux semaines plus tard, par une note, elle informait les ouvriers de la fermeture d'une de ses usines américaines en ajoutant: "Nous ferons tous les efforts possibles pour que le personnel licencié soit traité d'une manière équitable." Elle ne saurait mieux dire qu'il n'y a rien de bon à attendre de ses trafics. La plupart des ouvriers se moquent de changer de patron, tous les précédents se ressemblaient et n'ont cherché qu'à tirer le maximum de profit de l'usine. Mais ils savent que les changements de propriétaire sont souvent l'occasion pour les patrons de licencier ou de s'attaquer une fois de plus aux salaires ou aux conditions de travail et qu'il faut donc se préparer à se défendre.

Lundi 28 novembre, les ouvriers de l'équipe du matin d'un des secteurs de l'usine se sont donc mis en grève pour réclamer des augmentations. En discutant entre eux, ils ont établi qu'il leur faudrait au moins 200 euros supplémentaires chaque mois, et cela pour tous les ouvriers de l'usine. Car même s'il y a des différences entre les salaires des uns et des autres, c'est bien les salaires de tous qui sont insuffisants pour vivre correctement.

La grève a continué dans ce secteur lundi après-midi, de nuit et toute la journée du mardi. Même s'ils n'ont pas participé à la grève, les ouvriers des autres secteurs approuvaient nettement les revendications des grévistes. Le mardi après-midi, ces derniers se sont installés autour d'un feu à la porte de l'usine avec des drapeaux rouges, ce qui leur a permis de constater les nombreuses marques de sympathie des passants.

La direction a proposé d'ouvrir des discussions avec les syndicats sur les salaires, plusieurs grévistes ont pu participer à une réunion le mercredi matin. La direction se montre prudente mais sans rien proposer de concret pour l'instant. Les grévistes sont contents d'avoir pu exprimer leur colère mais ils sont bien conscients qu'il faudrait être plus nombreux, et notamment que tous les secteurs de l'usine participent ensemble à la lutte.

Les menaces de vente de l'usine n'ont pas empêché les ouvriers de réclamer par la grève des augmentations de salaires et c'est la meilleure façon de faire face aux mauvais coups que prépare sans doute la direction à cette occasion.

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