Le Parti Socialiste s'est alarmé, avec une bonne année de retard, de l'article de loi demandant que "les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord". Il a proposé, en termes très modérés, d'abroger ce texte. Le 29 novembre, en refusant de discuter et de voter sa proposition, la majorité de droite à l'Assemblée a choisi en fait de justifier le colonialisme français et ses exactions, en demandant aux enseignants de se faire les agents de ce détournement éhonté de la réalité historique.

Mais la droite n'a pas le monopole de cette attitude, comme l'a confirmé dès le lendemain Georges Frêche, président socialiste du Conseil régional de Languedoc-Roussillon. Prenant le contre-pied de ceux qu'il a qualifiés de "gugusses du PS qui font une opération politicienne", il a proclamé: "Il est juste de reconnaître le rôle positif de la présence française en Algérie." Et après avoir tout de même précisé qu'il se référait aux instituteurs, et non aux gros colons, chahuté par les élus communistes et Verts, il a entonné la chanson C'est nous les Africains qui revenons de loin, les Africains en question n'étant pas les natifs d'Afrique, mais les troupes coloniales -chanson reprise en choeur par des élus Front National du Conseil régional.

Georges Frêche s'est piteusement justifié en invoquant l'origine pied-noir de beaucoup de ses électeurs: "Je ne suis pas à Nantes, où il n'y a pas l'ombre d'un rapatrié. Ici à Montpellier, c'est eux qui font les élections." Rapatrié ou non, il a bon dos l'électeur quand il s'agit pour cet élu du PS de justifier ses dérapages par rapport aux attitudes de son parti sur le plan national.

Mais au fond est-ce un si grand dérapage quand on est élu d'un parti qui fut dirigé par Guy Mollet qui, en 1956, envoya le contingent en Algérie pour y mener la guerre à ceux qui exigeaient que leur pays cesse d'être une colonie?