Zones d'éducation prioritaire (ZEP) : Les parents pauvres de l'Éducation nationale23/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1947.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Zones d'éducation prioritaire (ZEP) : Les parents pauvres de l'Éducation nationale

Dans ses promesses pour tenter de remédier aux flambées de violence des jeunes de banlieue, le gouvernement a parlé de la nécessité de renforcer "l'éducation prioritaire". Déjà, en prenant ses fonctions l'an dernier, le ministre de l'Éducation de Robien avait entonné le même couplet. Mais rien n'indique que les ZEP (zones d'éducation prioritaire) recevront plus de moyens, ni qu'elles seront étendues à un plus grand nombre d'établissements scolaires.

En créant les ZEP en 1981, le gouvernement PS affirmait vouloir combler les lacunes, scolaires et culturelles, dont souffraient les enfants issus de milieux défavorisés, en accordant des moyens supplémentaires aux établissements qu'ils fréquentaient. Mais entre les intentions affichées et la réalité, l'écart n'a cessé de se creuser.

En principe, l'argent supplémentaire attribué aux établissements doit leur permettre d'avoir plus d'enseignants, moins d'élèves par classe, un meilleur accueil des enfants de deux ans en maternelle ou de financer des projets pédagogiques. Les enseignants ont aussi droit à une prime. En fait, ces moyens sont dérisoires. Les sommes reçues correspondent à 235 euros par élève et par an. Cela revient à accorder entre une heure et une heure et demie de cours hebdomadaire par enfant, ce qui concrètement se traduit par le dédoublement de quelques classes pour certaines matières, ou une heure hebdomadaire de soutien donnée à une minorité d'élèves alors que tant d'autres en auraient aussi besoin.

Depuis 1981, la situation des quartiers populaires de banlieue, où sont situées la majorité des ZEP, s'est détériorée, le chômage et les difficultés financières qui en découlent affectant toujours plus de familles ouvrières. Le nombre d'élèves en ZEP a doublé, il atteint maintenant 21%, et cela ne tient pas compte des établissements accueillant une majorité d'enfants de milieux populaires ou d'origine étrangère et qui n'ont pas obtenu leur classement en ZEP, alors que dans de tels établissements les difficultés des élèves sont les mêmes. En même temps, les restrictions budgétaires touchant toute l'Éducation nationale frappaient les ZEP de plein fouet par la disparition des emplois-jeunes, la baisse du nombre d'enseignants ou les limitations à l'accueil des enfants de deux ans en maternelle.

Maintenant que les jeunes de ces banlieues laissées à l'abandon font exploser leur colère, le gouvernement promet de faire machine arrière et de redonner à ces quartiers, à commencer par les ZEP, les moyens qui leur ont été retirés. Mais il faut beaucoup plus qu'un saupoudrage de crédits pour permettre aux jeunes de milieux défavorisés, qu'ils soient en ZEP ou non, d'acquérir les connaissances qui manquent à beaucoup d'entre eux.

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