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Leur société
Un Sarko-show nauséabond
Devant un public choisi de nouveaux adhérents de l'UMP réunis le 19 novembre dernier dans un hôtel parisien, le ministre de l'Intérieur a lourdement insisté sur les qualificatifs qu'il a déjà généreusement répandus sur les ondes à l'encontre des jeunes des banlieues mis en cause dans les événements des semaines passées.
Loin de renier les mots de "Kärcher" et de "racaille" précédemment utilisés, il a devant l'auditoire des "48 heures pour un mouvement populaire" -il s'agit paraît-il de l'UMP- précisé ironiquement que "le vocable [de racaille] était sans doute un peu faible", mais son conseiller en communication n'est pas allé jusqu'à lui en suggérer un autre. L'analyse de celui qui est présenté comme le numéro 2 du gouvernement est vite bâclée, "la première cause du désespoir dans les quartiers -dénomination politiquement correcte des ghettos pauvres des banlieues-, c'est le trafic de drogue, la loi des bandes, la dictature de la peur et la démission de la République" (entendez de ses présidents passés et présent).
"Les problèmes d'intégration" n'ont évidemment pas été oubliés, de même que la conclusion opposant la politique dite des "rustines" à celle de "la rupture", que prônerait Sarkozy. C'est un florilège de termes se voulant "durs" calculés sans doute pour s'adresser, au-delà des habitants des beaux quartiers présents dans la salle, à un futur électorat de droite ou d'extrême droite, et pour tenter de piper les voix d'une population excédée de voir sa vie, son environnement, son avenir et celui de ses enfants piétinés depuis des années par un système insupportable.
Mais dans cette forme de campagne électorale que Sarkozy mène à chaque instant, dans chaque déplacement, le premier flic du pays ne se contente pas de manipuler le vocabulaire tel un vulgaire Le Pen, il tente aussi de manipuler l'opinion. Il affirmait, précédemment, que "75 à 80%" des jeunes interpellés "étaient déjà connus pour de nombreux méfaits". Bref, ce seraient des délinquants récidivistes, sans souci du détail. Or, parmi tous ces jeunes arrêtés (2734 personnes placées en garde à vue le 14 novembre dernier selon le garde des Sceaux), combien n'avaient que le tort d'être présents le soir sur des lieux quadrillés par la police ou plus simplement dehors avec les copains? Le secrétaire général du Parquet de Bobigny déclarait récemment que "la très grande majorité" des mineurs arrêtés en Seine-Saint-Denis avaient "un profil de primo-délinquants", les choses se présentant de la même façon dans d'autres grandes villes.
En période d'attaques répétées contre la population pauvre, sur fond de millions de chômeurs et de crise aiguë du logement, qu'attendre d'autre d'un Sarkozy, piaffant d'impatience devant le fauteuil de l'Élysée depuis son paisible et luxueux "quartier" de Neuilly, qu'une démagogie aux relents nauséabonds?