SNCF : Une journée de grève réussie23/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1947.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : Une journée de grève réussie

Avant même que les grévistes de la SNCF se soient retrouvés le mercredi 23 novembre en assemblées, pour décider de la suite à donner ou pas à leur mouvement, la presse, les radios et télévisions avaient déjà annoncé que c'était fini, que les cheminots avaient obtenu de petites choses et que cela suffisait comme cela d'embêter les usagers!

Seulement voilà, même si la direction a peu lâché par rapport aux exigences légitimes des grévistes, le fait est qu'elle a fait un pas en arrière sous la pression d'une grève qui a été un succès. Le pourcentage d'un peu moins de 23% de grévistes à l'échelle nationale, martelé par la direction, n'est qu'une moyenne et une façon tendancieuse de présenter la grève, puisqu'elle inclut cadres et maîtrises. Une fois ceux-ci mis à part, ce sont près de 34% (selon la direction elle-même) des travailleurs, toutes catégories confondues (agents de conduite, employés, ouvriers des ateliers, etc.,) qui ont fait grève. Sans oublier que la direction prend en compte dans son calcul l'effectif total, y compris ceux qui étaient de repos le jour de la grève.

Un peu partout dans le pays, la grève a donc été largement suivie, en particulier par les agents de conduite mais pas seulement. Ainsi, à Tours-Saint-Pierre-des-Corps, au Mans, à Rennes, sur la ligne C du RER en région parisienne, à Orléans pour les travailleurs sur les voies, un peu partout aux guichets des grandes gares, à Limoges, Marseille, Lille, les cheminots ont répondu présents pour exprimer leur ras-le-bol.

Ils l'ont fait alors que la direction, ses cadres et sa maîtrise étaient sur le pied de guerre, se mobilisaient contre la grève, distribuant des tracts aux usagers parfois. Gallois faisait afficher partout "une adresse aux cheminots", envoyée également au domicile de chacun, pour les appeler à ne pas suivre l'appel des quatre syndicats (CGT, SUD, FO, FGAAC) à la grève. La direction comptait aussi sur une rancoeur exprimée par les cheminots à l'égard de la CGT. Celle-ci avait dénoncé -pourtant, à juste titre- l'accord sur l'intéressement que la direction voulait imposer et qui promettait 160 euros en échange d'un engagement syndical à faire accepter ses conditions (emplois supprimés, rentabilité, etc.) par les cheminots.

Eh bien, malgré toutes les difficultés, dans un climat général marqué par la fin de la grève des travailleurs de la SNCM et par la grève des traminots de Marseille qui se maintient tout en restant isolée, cette seule journée du 22 novembre aura démontré que la direction de la SNCF -et certainement derrière elle, le gouvernement- sont suffisamment inquiets pour faire des gestes qui peuvent être interprétés comme des reculs. Quels que soient les calculs qui ont décidé Chirac, le gouvernement et Gallois à céder ce qu'ils ont cédé, le seul fait de l'avoir fait peut jouer un rôle positif pour les luttes.

Cette grève a fait faire à la direction SNCF un petit pas en arrière; les travailleurs auraient les moyens, tous ensemble, de lui en faire faire un très grand.

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