RTM – Marseille : Une lutte courageuse contre les profiteurs et leurs alliés23/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1947.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RTM – Marseille : Une lutte courageuse contre les profiteurs et leurs alliés

Au début de la huitième semaine de leur grève, une nette majorité des traminots de Marseille continuaient la grève. Une très grande majorité des salariés de la Régie des Transports de Marseille (RTM), y compris des non-grévistes, ont exprimé clairement leur choix de voir celle-ci garder la gestion et l'exploitation de l'ensemble des transports en commun de la ville. À Toulouse, c'est d'ailleurs le choix qui a été fait ces jours derniers: retirer à la Connex la gestion des transports urbains pour la remettre à une régie publique.

Jeudi 17 novembre, alors qu'environ 85% des bus ne circulaient pas, la direction engageait 42 chauffeurs en CDD et prévoyait d'en embaucher d'autres pour remplacer "le surcroît d'arrêts maladie", estimé à 70.

Après des séances de négociations assorties d'ultimatum de la part de la direction, que les syndicalistes avaient quittées en claquant la porte, un résumé de conclusions était proposé par celle-ci.

Entre temps, le vendredi 18 novembre, une forte proportion des salariés de la RTM, lors d'un vote organisé par les syndicats, approuvaient la volonté des grévistes de maintenir l'ensemble des transports en commun de Marseille, présents ou futurs, dans la régie municipale, la RTM. En dépit des insinuations de la direction sur le déroulement du scrutin, celui-ci s'était déroulé régulièrement. Il exprimait une volonté claire et largement majoritaire puisque sur 3 200 salariés au total, cadres et administratifs inclus, 1666 sont venus voter, dont bon nombre de non-grévistes (la direction évaluait les grévistes à environ un millier).

1585, soit 95% des votants, se prononçaient pour la proposition de l'intersyndicale: "La RTM a la compétence pour exploiter le tramway. Elle pourrait recourir à un contrat d'assistance technique avec la Connex ou autre. Êtes-vous d'accord avec cette proposition?" C'était donc un choix sans ambiguïté. Bien sûr, la direction contesta la légalité de ce vote. Il était en tout cas légitime et signifiait bien que les non-grévistes comme les grévistes ne voulaient pas que la Connex ou quelque autre entreprise privée se taille une part des bénéfices dans la recette du futur tramway.

Après quelques péripéties, un comité d'entreprise se déroulait au cours duquel, pour la première fois, la direction rendait publiques les modalités de l'accord passé avec la Connex, qui donnait à la Connex le droit de partager les recettes du tramway entièrement construit aux frais des collectivités, avec bien peu d'obligations en contrepartie. Les syndicalistes apprenaient aussi que la Connex devait avoir la main "sur l'organisation et l'optimisation des ressources humaines".

Dimanche 20 novembre, la direction remettait à l'intersyndicale un relevé de conclusions. L'essentiel consistait en l'arrêt du projet d'entreprise et la garantie du statut actuel maintenu pour l'ensemble du personnel, y compris celui du futur tramway. Il prévoit l'élaboration d'un nouveau contrat avec la Communauté urbaine qui "explicitera les objectifs et les moyens donnés à la RTM..."

Les syndicats UNSA et FO acceptaient ce contenu, que la CGT et la CFDT estimaient insuffisant. Ils faisaient valoir que si le plan d'entreprise était retiré, le choix de la Délégation de Service Public (DSP) était simplement remis à une date ultérieure. La direction proposait 0,7% d'augmentation en plus des 1,5% déjà acquis. Enfin elle étalait les retraits sur salaires sur 10 mois et une partie des jours de grève pouvaient être retenus sur les congés et RTT. Selon son habitude, elle assortissait ces propositions d'un chantage: seuls ceux qui reprendraient le travail tout de suite bénéficieraient de ces conditions de reprise, ceux qui poursuivraient la grève se verraient retirer leurs jours de grève (plus de 40 pour certains) sur deux mois.

Dans les assemblées générales du lundi 21 novembre, les dirigeants CGT et CFDT purent répondre que l'on n'avait pas fait grève pour des conditions de reprise, mais contre la DSP et qu'ils proposaient de continuer encore pour obtenir son retrait pur et simple. Par contre, FO et l'UNSA considéraient qu'après 43 jours de grève, des garanties avaient été obtenues, qu'on ne pouvait plus rien faire quant à la DSP, et qu'on ne pouvait pas continuer. Les grévistes de trois dépôts sur quatre votaient la continuation de la grève. Seul le dépôt de La Rose, à majorité FO, votait la reprise du travail, alors que 25% des grévistes maintenaient leur volonté de continuer. Des conducteurs sortirent aussitôt leur bus.

Mardi 22 novembre, la grève continuait même si les bus et les métros étaient plus nombreux à circuler en ville. Les négociations reprenaient avec la direction.

Une assemblée générale regroupant tous les dépôts, tenue dans la matinée du mercredi 23 novembre, a décidé de poursuivre la grève.

Les grévistes de la RTM continuent à se battre avec courage et abnégation contre ces profiteurs que la direction veut imposer peu à peu à la tête de la Régie, du moins d'un de ses secteurs, manifestement prometteur.

Partager