Du côté des travailleurs de Renault, il est facile de se rendre compte de l'augmentation de la charge de travail dans les bureaux et surtout à la production. Les patrons nient pratiquement ce problème. Ils parlent de rentabilité, d'augmentation de la productivité et pour cela ne sont pas avares de paroles et même de discours. Par contre, pour l'évaluer en chiffres concrets -ce dont ils sont pourtant capables- ils restent très discrets. Le CCFA, c'est-à-dire le Comité des constructeurs français d'automobiles, dont les deux principaux "adhérents" sont Peugeot et Renault, organisme ayant "pour vocation l'étude et la défense des intérêts économiques et industriels de l'ensemble des constructeurs français", rassemble toutes sortes de données et publie chaque année un livre d'analyses de 70pages. Une seule est consacrée aux données financières et sociales de la construction automobile.

On y découvre quand même quelques chiffres évocateurs de l'exploitation accrue. Si, de 1980 à 2003, le chiffre d'affaires de ce secteur (hors équipementiers automobiles) est passé de 19,2 milliards à 83,2 milliards d'euros, dans le même temps la masse salariale totale est passée de 3,25 milliards à 5,88 milliards. Ainsi le chiffre d'affaires a été multiplié par 4,3 exactement, et la masse salariale totale même pas multipliée par deux. En effet les effectifs ont diminué, passant de 321000 en 1980 à 184000 en 2003. Pire encore pour les charges sociales: elles sont passées de 1,45milliard à 2,36 milliards d'euros, seulement multipliées par 1,6. Les déductions de cotisations et autres allégements pour les patrons et les gros patrons, ça marche.

Alors que le chiffre d'affaires et la production augmentent ces quelques chiffres donnent une petite idée de l'exploitation, de la dégradation quotidienne vécues par les employés et les ouvriers de l'industrie automobile.