Quand l'industrie pharmaceutique a le culot de gémir23/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1947.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Quand l'industrie pharmaceutique a le culot de gémir

Elle pleure, l'industrie pharmaceutique. Elle n'en peut plus, dit-elle, de "soutenir la réforme de l'assurance-maladie et d'y apporter financièrement son concours". Elle s'insurge contre une politique qui va "isoler la France, détourner les investissements, réduire les partenariats de recherche (...) et finalement détruire l'emploi". Ce sont les termes d'une supplique au Premier ministre qui s'étale en immenses placards publicitaires dans la presse sous forme d'une pétition signée par tous les laboratoires et intitulée: "Veut-on garder et développer en France une industrie du médicament?"

L'origine de cette lamentation doublée de menaces de licenciements? L'adoption du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2006 qui, après avoir été voté par les députés, vient de l'être par les sénateurs, avant d'être définitivement adopté dans les jours prochains. Ce qui fait hurler les laboratoires, ce n'est pas le forfait de 18 euros qui va rester à la charge des patients pour les actes médicaux supérieurs à 91 euros; il compromettra l'accès aux soins pour tous ceux qui n'ont pas de mutuelle et fera augmenter le tarif de ces mutuelles pour ceux qui en ont une, mais de cela les industriels de la pharmacie ne disent pas un mot. Ce qui les fait gémir c'est la taxe sur le chiffre d'affaires qu'ils vont devoir acquitter. Pourtant ce n'est pas grand-chose. Le gouvernement demandait 1,96% du chiffre d'affaires, les députés avaient voté 1,50% avant que les sénateurs ne reviennent aux 1,96% initiaux.

De l'aveu même du syndicat patronal des entreprises du médicament, le chiffre d'affaires qu'elles ont réalisé en vendant leurs médicaments est passé de 15 milliards à 38 milliards d'euros entre 1994 et 2004. Il a donc plus que doublé en dix ans. Et les bénéfices sont allés de pair. N'empêche, les grands laboratoires pleurent et menacent, et rien ne dit qu'ils ne seront pas une nouvelle fois écoutés par ce gouvernement aux petits soins pour leurs actionnaires.

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