L'espoir n'est pas dans l'alternance électorale mais dans la lutte d'ensemble des travailleurs23/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1947.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

L'espoir n'est pas dans l'alternance électorale mais dans la lutte d'ensemble des travailleurs

Au sortir du congrès socialiste des 19 et 20 novembre au Mans, François Hollande, secrétaire national du PS, a lâché, content de lui, que désormais l'espoir de l'alternance est ouvert. Le PS n'a pas encore réglé qui, dans son trop-plein de candidats, le représentera. Mais, désormais, le parti est uni autour d'un texte de synthèse, toutes voiles dehors vers l'horizon électoral de 2007.

Le PS a "gauchi son langage", s'extasie une partie de la presse. Fabius, ex-Premier ministre, ex-ministre de l'Économie, s'en est pris "à l'hyper-capitalisme financier". Hollande veut un "nouveau partage de la valeur ajoutée". Et Lang s'est envolé: "Il faut faire rendre gorge au capitalisme sauvage". Rien que ça! Mais qu'y a-t-il de concret derrière les envolées?

Le smic à 1500 euros avant la fin de la législature, en 2012? Mais cela correspond exactement à ce que le smic sera de toute manière si l'inflation se maintient à son niveau actuel.

Pénaliser le recours "abusif" aux contrats précaires? Mais qui décidera de ce qui est abusif alors qu'une part majeure des embauches nouvelles, quand il y en a, est constituée de contrats précaires?

L'abrogation de la loi Fillon sur les retraites? Mais il n'a même pas été question d'abroger la loi Balladur.

Le PS promet de revenir sur le début de privatisation d'EDF mais garde le silence sur toutes les autres privatisations. Et pour cause: une grande partie en a été décidée par le gouvernement Jospin.

Il promet de "dissuader les entreprises qui licencient aux seules fins de répondre aux exigences financières". Comment? En rétablissant la loi de modernisation sociale qui, sous Jospin, n'a pas empêché un seul licenciement.

Des mots, mais rien de concret. Pas question d'interdire ni les licenciements, ni les contrats précaires. Pas question de revenir sur toutes les restrictions sur la Sécurité sociale. Pas question d'augmenter les cotisations patronales autant que l'ont été les cotisations des salariés. Pas question de rétablir les retraites dans leur intégralité. Pas question d'augmenter les salaires.

À en juger par L'Humanité au lendemain du congrès, le PC considère pourtant qu'il y a une "inflexion à gauche". Il faut maintenant construire "un contrat entre toutes les forces de gauche sur un programme de transformation sociale", commente Marie-George Buffet. Mais si c'est la synthèse du congrès du PS qui doit servir de base à ce "contrat", c'est à croire que les partis de gauche ne veulent pas donner aux électeurs du monde du travail des raisons de voter pour eux.

Autant dire que les travailleurs n'ont rien à attendre de "l'horizon 2007" pour changer leur sort. Pour cela, il n'y a pas d'autre voie que celle des luttes, des grèves et des manifestations.

Les organisations syndicales de la SNCF avaient appellé à partir du 22 novembre à une grève reconductible. Mais pourquoi l'appel aux cheminots un jour, un autre appel aux agents de la RATP le lendemain? Pourquoi avoir laissé seuls les traminots de Marseille pendant 42 jours? Pourquoi cette dispersion voulue, cet échelonnement orchestré des appels à la grève, même dans des secteurs voisins? Pourquoi ces repliements par corporations, après la journée d'ensemble du 4 octobre, à laquelle il n'y a toujours pas de suite proposée?

Ce n'est pas comme cela qu'on fera céder le gouvernement! Ce n'est pas comme cela qu'on fera peur au patronat au point de le faire reculer! Et ce n'est pas comme cela qu'on inspire confiance aux travailleurs dans l'issue de la lutte!

En tout cas, l'espoir pour les travailleurs est dans leurs propres luttes, et pas du côté de cette "alternance" que nous promettent Hollande, Fabius et les autres.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 21 novembre

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