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Leur société
Le gouvernement et les quartiers "sensibles" : Des "efforts" bien limités
Lundi 21 novembre, à l'Assemblée nationale, la ministre déléguée à la Cohésion sociale, Catherine Vautrin, avait choisi le ton déclamatoire pour présenter le rectificatif budgétaire du gouvernement, censé être une réponse à la crise des banlieues. Il s'agit, selon les dires de la ministre, "d'un effort sans précédent" consenti aux quartiers sensibles, dans le cadre du budget "Ville et logement".
Seulement les 181 millions d'euros supplémentaires qui viennent d'être ajoutés ne compensent même pas totalement les quelque 390 millions de baisse qu'avait cumulés la présentation initiale du budget 2006 "Ville et logement".
L'essentiel de cet ajustement budgétaire, à la marge, consiste à réaliser l'engagement de Villepin de redonner aux associations les subventions qui leur avaient été supprimées, soit près de 80 millions d'euros par an depuis 2002. Pour le reste, il s'agit d'un saupoudrage qui ne va guère changer la vie dans ces quartiers populaires.
Il y a, selon les sources, entre 700 et 750 quartiers classés comme zone urbaine sensible ou encore 911 zones d'éducation prioritaire. Cela n'intègre pas tous les quartiers populaires délaissés, loin de là. Mais même sur cette base, le gouvernement annonce que pour lutter contre le "décrochage" scolaire, son "effort sans précédent" va permettre de porter de 195 à 520 les équipes de "réussite éducative", en conséquence de quoi il alloue... 30 millions d'euros supplémentaires. Cela correspond au financement d'environ mille postes d'enseignants pour une année, soit à peine plus d'un par zone concernée. Ce n'est pas cela qui peut répondre aux milliers de classes de primaires et maternelles qui auraient besoin d'être au moins immédiatement dédoublées.
Par ailleurs il faut noter qu'un des plus gros postes du budget "Ville et logement", celui de la réhabilitation des logements des cités HLM -environ 4,5 millions de personnes vivent dans les zones urbaines sensibles- n'a bénéficié, lui, d'aucun financement supplémentaire.
Par contre, il y a et il y aura quand même incontestablement de véritables gagnants dans ce rectificatif budgétaire, ce sont tous les employeurs qui sont installés dans les 85 zones franches urbaines existantes, et ceux des 15 nouvelles qui vont être créées. Ces quelques dizaines de patrons empocheront 359 millions d'euros, soit 20 millions d'euros de plus, au titre des allégements de charges sociales. Ils empocheront en plus 217 millions d'euros d'exonérations fiscales, soit 12 millions de plus que l'an dernier. Cela représente un cadeau total de 576 millions d'euros pour les patrons, qui ne sont pourtant pas les plus mals lotis dans les "zones sensibles".
Cet argent ainsi dilapidé aurait permis de financer la création de plus de 20000 postes d'enseignants à plein temps, pouvant apporter tout de suite un véritable changement à l'encadrement scolaire et donc à la vie de ces quartiers.
Même quand il parle d'effort "sans précédent" envers les quartiers déshérités, le gouvernement n'oublie jamais de servir toujours en priorité sa clientèle de profiteurs petits et grands.