La grève du 24 novembre dans l'Éducation nationale : Refuser la dégradation des conditions d'enseignement23/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1947.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La grève du 24 novembre dans l'Éducation nationale : Refuser la dégradation des conditions d'enseignement

Jeudi 24 novembre, les enseignants des collèges et des lycées étaient appelés à faire grève et à manifester contre la politique du gouvernement en matière d'éducation par certains syndicats du second degré, dont le principal, le SNES.

De Chirac à Villepin, les membres du gouvernement n'ont pas été avares en propos sur la nécessaire lutte contre les discriminations, ou sur l'égalité des chances. Mais ils sont restés beaucoup plus discrets sur les fonds qu'ils pourraient libérer afin de donner à tous les jeunes des classes populaires un véritable accès aux connaissances et à la culture. Et pour cause, ils n'ont absolument pas l'intention de dégager même un euro supplémentaire.

D'après le SNES, le ministre de l'Éducation ne disposera d'aucun crédit supplémentaire pour les mesures, pourtant bien dérisoires, annoncées par le Premier ministre. Les bourses au mérite et la création de 5000 postes d'assistants pédagogiques seront financées par le redéploiement de 40 millions d'euros prélevés sur le budget "rémunérations des personnels du second degré". On déshabille Pierre pour habiller Paul.

Mais, de toute façon, ce ne sont pas les 5000 postes d'assistants d'éducation, personnels recrutés à la hâte, sans qu'il leur soit dispensé une formation solide, pour 16 heures par semaine et sous-payés, qui peuvent mettre un frein à la dégradation des conditions d'enseignement due à la politique d'économies menée par les gouvernements successifs.

Le budget 2006 prévoit encore la suppression de 4500 postes d'enseignants. En trois ans, ce sont 15000 postes d'enseignants et 30000 postes d'encadrement éducatif qui ont été supprimés, frappant en priorité les établissements difficiles. Des milliers d'enseignants contractuels n'ont pas eu de poste cette année.

Toutes les mesures prises par le gouvernement sont guidées par la volonté de faire toujours plus d'économies, y compris la décision, très impopulaire chez les enseignants, et à juste titre, de leur faire assurer les remplacements de courte durée en plus de leur service habituel. D'après les calculs du SNES, elle pourrait permettre d'économiser 25000 "équivalents temps plein": ce sont autant d'enseignants remplaçants qui ne seront pas embauchés.

De Robien, dans un courrier adressé au personnel administratif, se vante d'une augmentation de 3,65% du budget de l'enseignement scolaire, une hausse qui représenterait 1,9 milliard d'euros supplémentaires, dit-il. Mais il s'agit d'une somme bien dérisoire en regard des milliards d'euros d'exonérations en tout genre qui ne bénéficient qu'au patronat.

Un nombre important d'enfants ne maîtrisent pas la lecture et l'écriture à la fin de l'école primaire, mais le gouvernement entend mettre un terme à la scolarisation des enfants de deux ans, qui est pourtant indispensable, de l'avis de bon nombre de gens compétents en la matière, en particulier pour les enfants des classes populaires; il refuse d'embaucher le nombre d'instituteurs nécessaire pour ouvrir des classes à très petits effectifs, à 15 élèves ou même à moins si besoin est; pour économiser sur le nombre d'enseignants dans le secondaire, au collège comme au lycée, les heures d'enseignement en français, et dans bien d'autres matières, ne cessent de diminuer.

Alors les raisons de s'opposer à la dégradation des conditions d'enseignement ne manquent pas. Les enseignants qui se sont saisis de la journée du 24 novembre pour montrer leur mécontentement ont eu bien raison de le faire.

On peut par contre regretter que les directions syndicales n'aient même pas éprouvé le besoin d'appeler l'ensemble des enseignants à faire grève ce jour-là, puisque l'appel ne concernait que le second degré. Sur cette question de l'éducation, comme sur toutes les autres questions qui concernent les travailleurs, ce n'est pas en réagissant catégorie par catégorie qu'on pourra espérer faire bouger les de Robien ou Chirac.

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