Banlieues : La droite attise le racisme pour faire oublier ses responsabilités23/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1947.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Banlieues : La droite attise le racisme pour faire oublier ses responsabilités

Les ministres et la droite ne cessent de prendre les familles immigrées comme bouc émissaire de l'explosion qui a eu lieu dans les banlieues. Jour après jour, les mesures et les déclarations les visant se multiplient.

Il y a d'abord eu l'insistance de Sarkozy à annoncer l'expulsion des étrangers impliqués dans les violences en banlieue, même s'ils étaient en situation régulière. On a entendu le président du groupe UMP à l'assemblée, Bernard Accoyer, décliner sur tous les tons que "l'intégration et l'assimilation sont mises en difficultés par un volume d'immigration qui va au-delà des capacités d'absorption".

Dans la même veine, il a été découvert que "parmi les mineurs impliqués dans les délits, il y a une sur-représentation des familles polygames", manière d'insister sur le fait que "ces gens-là ne sont pas comme nous". Dans la foulée de ces déclarations, on annonce déjà des mesures durcissant les règles du regroupement familial, limitant l'accès aux allocations familiales ou allongeant le délai minimum pour avoir le droit de demander la nationalité française à la suite d'un mariage mixte.

En distillant un discours qui alimente les préjugés racistes, le gouvernement nie une évidence. Si les jeunes ayant des parents ou des grands-parents venant d'autres pays constituent une bonne proportion de ceux qui sont impliqués dans des actes de violence, c'est que ce sont surtout ces familles qui, depuis des années, peuplent les cités-ghettos où se sont concentrés les plus pauvres.

Les parents que l'on voyait déblayer les maternelles brûlées dans les banlieues étaient en majorité des immigrés, à l'image des élèves des écoles de banlieue où se côtoient des dizaines d'enfants d'origines différentes.

Ce n'est pas étonnant. Cette fraction de la classe ouvrière s'est trouvée, dès l'origine, reléguée dans les zones urbaines les plus périphériques et les plus mal dotées. Dans les années 1960, le patronat envoyait ses recruteurs chercher dans les villages du Maghreb ou d'Afrique les ouvriers spécialisés (les OS) qui lui manquaient sur ses chaînes de montage ou dans les mines. Mais pour ces patrons, ces travailleurs n'étaient rien d'autre que des machines à produire. Ils ne se sont pas souciés de leurs conditions d'existence. Ils les ont d'abord laissés s'installer dans des foyers pour célibataires ou dans des bidonvilles puis, à l'arrivée de leurs familles, s'entasser dans ces grands ensembles construits au rabais, dont les noms s'exprimaient en chiffres: les "3000" d'Aulnay-sous-Bois, les "4000" à La Courneuve... Ces chiffres exprimaient le nombre de logements mais n'avaient rien à voir avec la qualité du site.

Des dizaines d'années plus tard, leurs enfants, leurs petits-enfants, nés en France, n'ont toujours pas réussi, pour l'immense majorité d'entre eux, à sortir de ces zones urbaines qui se sont délabrées au fil des ans et où les problèmes se sont accumulés avec le développement massif du chômage. Les patrons, quant à eux, ne se souciaient pas plus des conditions dans lesquelles grandissaient les enfants de ceux qu'ils avaient fait venir de loin, qu'ils ne s'étaient préoccupés d'apprendre à leurs parents à parler, lire, écrire le français. Au contraire, les organisations patronales ont mené bataille pour la réduction du nombre de fonctionnaires, ce qui venait à réclamer moins d'enseignants dans les cités où il en aurait fallu beaucoup plus, moins de services publics capables d'aider, dans tous les domaines, les familles confrontées à des situations dramatiques.

Tout ce que le budget de l'État ne versait plus aux banlieues, il le donnait en aides aux entreprises. Quant à ce qui pouvait advenir dans ces zones peuplées à 70% d'enfants d'immigrés et d'une proportion de chômeurs nettement supérieure à la moyenne, la devise des organisations patronales restait: "cela ne nous regarde pas et ce n'est pas à nous de financer cela".

Aujourd'hui, le gouvernement encourage le racisme, désignant l'immigration comme principale responsable de la "violence des banlieues". Ce qui est un moyen commode de faire oublier ses propres responsabilités et celles du patronat.

Partager