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Tunisie : Une dictature choyée par la France
Alors que la Tunisie s'apprête à accueillir le Sommet mondial de la société de l'information (SMSI), qui doit se dérouler du 16 au 18 novembre, un journaliste du quotidien Libération a été violemment agressé en plein centre de Tunis par quatre hommes. Tout laisse à penser que ses agresseurs appartiennent à la police, à commencer par le fait qu'ils aient pu agir facilement alors que, sommet oblige, Tunis est quadrillé par plusieurs dizaines de milliers d'hommes appartenant aux services de sécurité. Cette agression intervient également peu de temps après que Libération a publié un reportage relatant le passage à tabac du président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme et la grève de la faim engagée depuis le 18 octobre par plusieurs personnalités politiques, avocats, journalistes ou universitaires, pour réclamer plus de libertés.
Si l'agression du journaliste de Libération a provoqué en France de vives réactions, de telles tentatives d'intimidation ne sont pas nouvelles dans ce pays où Ben Ali impose sa poigne depuis dix-huit ans. Ces dernières années, plusieurs militants pour les libertés ont d'ailleurs été agressés et leurs plaintes n'ont jamais été suivies d'effet. Les journalistes et les militants des droits de l'homme ne sont pas les seules victimes du régime; tous les mouvements de protestation, toutes les tentatives de grève sont violemment réprimés. Des centaines de militants politiques et de militants ouvriers continuent à croupir dans les geôles d'un régime qui n'hésite pas à recourir aux procès truqués, à la torture et à la détention arbitraire.
Cela n'empêche pas le régime de Ben Ali d'être soutenu par des représentants de pays dits démocratiques, comme l'administration Bush et le gouvernement français. Il est vrai qu'en ce qui concerne la France, plus d'un millier de sociétés à participation française opèrent dans le pays. Les profits qu'elles en retirent justifient sans doute tous ces silences.