La télévision diffuse en ce moment une publicité de Toyota où le groupe se vante de créer "1000 nouveaux emplois" pour produire la nouvelle Yaris. En fait, sur ces 1000 embauches, seules 300 sont des CDI, les autres seront des CDD et intérims.

Toyota ne recrute d'ailleurs ces "nouveaux emplois" que dans la perspective de porter la production de 240000 à 270000 voitures par an. 10% d'embauches pour 12,5% d'augmentation de production! Pour le coup, certains postes en soudure ont été robotisés, mais pas tous, et certains autres sont repassés en manuel: comme quoi nos conditions de travail ne comptent pas quand il s'agit de nous faire produire plus.

Dans l'usine, la direction met le paquet pour tenter de nous motiver. Le premier jour, le directeur nous a rassemblés pour un véritable show: perché sur un podium, et par écrans géants interposés, il donnait le départ de la production à chaque atelier, où des ouvriers devaient agiter de petits drapeaux à damier de course automobile. Il nous a aussi déclaré sans rire qu'on n'avait rien à réclamer après seulement un ou deux ans d'embauche et qu'il fallait nous estimer heureux de ne pas être au chômage. Beaucoup espéraient l'annonce d'une prime de lancement mais il a fallu se contenter d'un pull polaire "Yaris" et de la promesse d'une "surprise" pour janvier (le pantalon polaire peut-être?).

Pour l'instant, la production démarre et tourne donc au ralenti. Seule une soixantaine de voitures parviennent à sortir, sur les 400 prévues. D'autres s'accumulent en retouche. Du coup, nous avons le temps de discuter, de nous asseoir et de prendre un café. Cela nous change de l'ambiance habituelle, où l'on sort épuisé de la journée de travail. La direction n'apprécie évidemment pas et, du coup, les chefs font la chasse pour interdire de s'asseoir ou boire le café.

Dernière trouvaille: on veut maintenant nous interdire de prendre nos blousons et nos casse-croûte et nous obliger à faire l'aller-retour aux vestiaires pour aller les chercher pendant les huit minutes de la pause!

Toyota affiche beaucoup d'ambitions, mais vis-à-vis des travailleurs c'est du délire.