- Accueil
- Lutte ouvrière n°1946
- Sans-papiers, travail au noir : Des conditions de travail indignes... et parfois la mort
Dans les entreprises
Sans-papiers, travail au noir : Des conditions de travail indignes... et parfois la mort
Vendredi 4 novembre, un homme sans papiers, grièvement blessé à la tête, a été trouvé agonisant sur un trottoir de Saint-Gratien, dans le Val-d'Oise. Malgré son transfert aux urgences de l'hôpital d'Argenteuil, il est décédé le lendemain.
L'enquête de police a révélé qu'il s'agissait d'un ouvrier égyptien de 43 ans, peintre dans une entreprise du bâtiment. Il avait fait une chute sur un chantier et, au lieu d'appeler les secours, son patron s'était débarrassé de lui en le jetant sur un trottoir! Il employait cet ouvrier sans l'avoir déclaré et "ne voulait pas avoir d'ennuis".
Ce patron ainsi que trois personnes qui l'ont aidé à se débarrasser du blessé sont incarcérés en attente de leur jugement pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger. Mais, sans toujours atteindre l'horreur de ces faits, chaque jour des centaines de milliers de travailleurs sans papiers, sans droits élémentaires, détruisent leur santé et même risquent leur vie dans des travaux insalubres et dangereux, exploités dans les pires conditions par des patrons sans scrupules. Et cela, pas seulement dans le bâtiment, mais aussi dans la confection, la restauration ou l'agriculture.
Et il n'y a pas que des petits patrons crapuleux qui pratiquent ainsi. Bien des grandes entreprises font de même en sous-traitant de plus en plus d'activités au tarif le plus bas possible. Et quand, très rarement, elles sont contrôlées, elles déclarent ne pas savoir que leur sous-traitant sous-traite lui même ou emploie de la main-d'oeuvre non déclarée.
Gérard Larcher, ministre du Travail, prétend lutter prioritairement contre le travail illégal. Dernièrement, il a gaillardement déclaré qu'il ne laisserait pas de répit aux fraudeurs, qu'un texte allait interdire le versement de toute aide publique pendant cinq ans en cas de travail illégal et que les sanctions seraient renforcées. Et pour renforcer les contrôles, il annonce l'embauche en 2006 de... seulement 155 inspecteurs et contrôleurs du travail, qui devraient rejoindre les 1 250 inspecteurs actuels, nombre bien insuffisant, étant donné la généralisation de la sous-traitance à plusieurs degrés.
En fait, une mesure qui s'impose serait pour commencer la régularisation globale de tous les travailleurs sans papiers. En ne la décidant pas, les gouvernements successifs encouragent toutes les pratiques mafieuses des patrons et les drames qui en découlent, comme celui de Saint-Gratien.