Lycée Jean-Zay - Aulnay (93) : Ce n'est vraiment pas le moment de retirer des moyens dans les lycées!17/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1946.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lycée Jean-Zay - Aulnay (93) : Ce n'est vraiment pas le moment de retirer des moyens dans les lycées!

La région Île-de-France vient d'annoncer, avec l'aval de l'académie de Créteil, qu'elle supprimait la dotation "établissement sensible" du lycée Jean-Zay d'Aulnay-sous-Bois.Cela correspond à une diminution de 40000 euros, soit 13,6%, du budget de l'établissement.

Cette mesure concernerait sept autres établissements sensibles de la région. Le prétexte invoqué est qu'il n'y aurait pas "suffisamment d'élèves de catégories sociales défavorisées dans le lycée", les critères statistiques choisis étant bien opaques. En tout cas, il est clair que ceux qui ont pris cette décision n'ont jamais mis les pieds dans le lycée.

Le classement en "lycée sensible" avait été obtenu en 1992, suite à la mobilisation des personnels qui refusaient de continuer à travailler dans des conditions insupportables tant pour les adultes que pour la majorité des lycéens: insultes, perturbations en tout genre des cours, petits trafics, violences et racket. Tout cela se déroulait dans des locaux trop petits, dégradés, sans moyens suffisants pour les entretenir. Les classes étaient surchargées, le nombre de surveillants et de conseillères d'éducation bien insuffisant pour le nombre d'élèves et la superficie des locaux.

Avec les moyens dits sensibles, le lycée a obtenu du personnel de surveillance supplémentaire, une assistante sociale et une infirmière à plein temps, des heures de cours en plus, l'effectif des classes a été diminué, etc. Avec la mobilisation de tous les personnels, d'insupportable la situation est devenue vivable. Les difficultés de tous ordres rencontrées par les jeunes, en particulier ceux issus des quartiers populaires d'Aulnay-Nord, n'explosaient plus dans ses formes les plus violentes à l'intérieur des locaux. Mais l'équilibre obtenu au fil des ans est bien fragile et aucune année ne se passe sans qu'elle soit émaillée d'incidents plus ou moins violents. Au niveau des résultats scolaires, des progrès notables ont aussi été obtenus, mais de nombreux jeunes partent encore du lycée sans leur baccalauréat. Les résultats à l'examen sont encore largement en dessous de la moyenne nationale.

Alors, dans le contexte des violences urbaines qui n'ont pas épargné Aulnay, se voir retirer les quelques moyens qui ont permis une amélioration de la vie et du travail de tous au sein du lycée soulève l'incompréhension et la colère. Dans ce contexte on nous dit qu'on va injecter des moyens dans les quartiers populaires pour compenser les difficultés sociales: on voit ici la région dirigée par la gauche et le rectorat dirigé par la droite, main dans la main pour retirer ce qui est indispensable. Cela fait d'ailleurs déjà quelques années que, petit à petit, l'État tente de rogner sur les moyens: des personnels en contrats précaires disparaissent et ne sont pas remplacés, le nombre d'heures de cours attribuées diminue tandis que les effectifs des classes augmentent, etc. L'an dernier, il a fallu se mobiliser plusieurs fois avec plusieurs journées de grève pour obtenir que des personnels en longue maladie et en congé maternité soit remplacés, que des postes de professeurs ne soient pas supprimés. Certains disaient déjà à l'époque: "C'est à croire que le peu qui marche, ils veulent le détruire!".

Lors d'une première assemblée générale, les personnels éducatifs ont décidé qu'une délégation irait exiger de la région et du rectorat que la dotation "sensible" soit rendue. Et c'est à la quasi-unanimité des présents qu'une journée de grève a été votée pour soutenir et accompagner la délégation. Le personnel éducatif est déterminé à ne pas se laisser faire.

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