Samedi 12 novembre, à Madrid, des centaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue contre un projet de loi du gouvernement Zapatero qui remet en cause -un peu- la toute-puissance de l'Église espagnole dans l'enseignement.

Les associations de parents d'élèves catholiques, les responsables de l'enseignement privé, ceux du Parti Populaire, très à droite, ainsi que des évêques, des curés et des cornettes, tout ce que l'Espagne compte d'ultra-conservateurs avait appelé à cette manifestation qui a rassemblé des centaines de milliers de personnes. Des organisateurs, sans doute influencés par leur croyance aux miracles, ont même parlé de deux millions de manifestants...

Quoi qu'il en soit, après la manifestation contre la loi autorisant le mariage des homosexuels, c'est la mobilisation la plus importante des conservateurs contre le gouvernement socialiste de Zapatero depuis son arrivée au pouvoir en mars 2004.

Cette fois, ils protestent contre le gel d'un projet de loi du gouvernement de droite précédent, le gouvernement Aznar, qui visait à rendre quasi obligatoire dans tous les établissements scolaires publics une espèce d'histoire des religions, prise en compte pour le passage dans les classes supérieures et les examens au même titre que les autres matières.

Le projet de loi d'enseignement de Zapatero ne prévoit pas de supprimer cet enseignement du "fait religieux", il prévoit uniquement qu'il n'ait plus d'influence sur le passage en classe supérieure. Mais c'est déjà trop pour l'Église et ses ouailles, qui en appellent à la promotion d'une "vision chrétienne" des faits de société et partent en croisade contre la "fureur laïque".

En 1936, l'Église espagnole a béni la guerre sans merci que Franco livrait contre les travailleurs espagnols, n'hésitant pas à la qualifier de "croisade". À quelques jours du trentième anniversaire de la mort du dictateur, le 20 novembre 1975, elle tente encore de maintenir son pouvoir et ses privilèges d'un autre âge.