Banlieues : Le manque d'écoles et d'enseignants17/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1946.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Banlieues : Le manque d'écoles et d'enseignants

Ce que l'on qualifie par facilité "d'échec scolaire", qu'il aboutisse à l'illettrisme ou à l'absence de véritable formation et de diplôme, contribue à la marginalisation d'une fraction de la jeunesse. Le doublement en vingt ans des zones d'éducation prioritaire, qui concernent aujourd'hui un élève sur cinq et plus de 1,7 million d'élèves, traduit l'aggravation de cette situation. Mais les gouvernements successifs n'ont jamais mis les moyens nécessaires pour faire de la lutte contre cet échec scolaire une priorité.

Quand Schweitzer, ancien PDG de Renault, ancien chef de cabinet de Fabius, reconverti dans un organisme de lutte "contre les discriminations et pour l'égalité" déclare qu'"aujourd'hui, on dépense moins par gosse dans les zones d'éducation prioritaire que dans les lycées standard", on peut le croire. Même dans l'urgence, les gouvernements sont incapables de décider des mesures qui éviteraient que, dès les premières années de scolarisation, les enfants en difficulté soient déjà des laissés-pour-compte. Ils choisissent les effets d'annonce et des mesurettes dérisoires, alors qu'il faudrait l'embauche massive de personnels compétents -ils existent- à l'Éducation nationale pour éviter l'échec.

Vu l'essor démographique de ces dernières années et le refus de créer les postes nécessaires, l'accueil en maternelle des enfants à partir de deux ans est en chute libre. Dans certaines communes populaires, il a pratiquement disparu. Même l'accueil des élèves de trois ans, pourtant obligatoire, a parfois bien du mal à être assuré. Pour beaucoup d'enfants, l'école maternelle est pourtant le seul lieu qui permette les acquisitions de langage nécessaires pour une scolarité ultérieure normale.

En dépit des textes officiels, les maternelles de ZEP peuvent dépasser les 25 élèves par classe. Même dans les quartiers qui ne sont pas en ZEP, il y a des élèves en difficulté, dans des classes qui peuvent dépasser trente élèves. Aucune acquisition scolaire de qualité ne peut se faire pour ces élèves dans ces classes surchargées.

Dans le primaire, pour cette année scolaire, alors que près de 50000 élèves supplémentaires étaient prévus, il n'y a eu que 700 créations de postes, soit une création pour plus de... 65 élèves. La même chose va se renouveler à la rentrée prochaine selon le ministre de l'Éducation nationale, de Robien, qui prévoit mille postes de plus pour toujours près de 50000 élèves supplémentaires en primaire.

Le chiffre de 23 élèves par classe, écoles rurales et urbaines mêlées, n'a pas grande signification car ce n'est qu'une moyenne nationale qui gomme la réalité. Dans tous les cas, elle est à la hausse. À cela, il faut ajouter les contraintes nouvelles qui pèsent sur les enseignants chargés de faire face à l'intégration d'élèves très handicapés, sans que de véritables moyens supplémentaires leur soient donnés.

De Robien déclare avoir décidé de "généraliser, à la rentrée, les programmes personnalisés de réussite scolaire (PPRE) à tous les élèves en difficulté des classes de CP ou de CE1 (au choix des conseils d'école). Ils seront également appliqués à tous les élèves redoublants"! Le gouvernement prend des décisions mais ne donne pas les moyens pour les réaliser.

Les instituteurs et les enseignants spécialisés rattachés aux écoles primaires sont capables de déterminer les difficultés dont souffrent les élèves dont ils ont la charge. Mais à quoi cela sert-il s'il n'y a pas les effectifs adéquats?

L'échec scolaire qui marginalise dès les premières années d'école un nombre important d'élèves, rapidement incapables de comprendre des discours qui se font de plus en plus complexes avec le passage dans les classes supérieures, et même ce qu'on leur demande, n'est pourtant pas une fatalité. Il faudrait assurer l'accueil de tous les enfants qui en ont besoin dès deux ans. Il faudrait qu'en maternelle les enseignants aient la charge de groupes limités d'enfants. Il faudrait que dans les classes primaires, là où cela s'avère nécessaire, des adultes compétents aient la charge des élèves en difficulté par petits groupes.

La société pourrait dégager immédiatement ces dizaines de milliers de postes nécessaires. Il y a urgence.

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