Le groupe Air France-KLM a, une nouvelle fois, envoyé aux médias un communiqué sur ses bons résultats. En octobre, dernier mois connu, le groupe affiche un taux de remplissage de ses avions (coefficient d'occupation des sièges) de 81,7% (en augmentation de 2,2%), ce qui le maintient aux tout premiers rangs des plus grandes compagnies mondiales. L'augmentation du trafic sur Air France-KLM connaît même une hausse encore plus importante (+8,9%). Le tout sur fond de hausse du cours de l'action en Bourse, les spéculateurs ayant visiblement apprécié l'accord passé entre Air France et la compagnie américaine Delta, déjà alliées au sein du même cartel mondial de compagnies aériennes: Skyteam. Aux termes de cet accord, Air France et Delta vont mettre en commun leurs dépenses, et surtout leurs recettes, sur les vols parcourant l'Atlantique-Nord, secteur du ciel commercial le plus profitable du monde.

Faute d'avoir pu obtenir de ses personnels navigants techniques une réduction de leurs conditions de rémunération en leur faisant du chantage au dépôt de bilan, Delta vient de se mettre sous la protection de la loi américaine sur les faillites. Ainsi, elle va pouvoir licencier plus facilement sous ce prétexte et en même temps, tout en se prétendant au bord de la faillite, engranger des bénéfices confortables grâce à cet accord avec Air France! Quant à cette dernière, pour elle tout va pour le mieux depuis des mois et des mois, comme le rappellent régulièrement les communiqués triomphants de sa direction faisant état de profits, de taux de remplissage et de trafic en augmentation permanente.

Il y a juste une "petite" chose sur laquelle Air France n'aime pas "communiquer": la façon concrète dont elle extrait toujours plus de profits des personnels, sous statut Air France ou non, qui font marcher la compagnie. Ainsi la presse n'a rien dit (il est vrai qu'Air France est un très gros annonceur publicitaire...) sur les conditions très particulières imposées aux hôtesses-interprètes qu'Air France emploie sur ses lignes asiatiques. Celles-ci sont déjà engagées, non pas aux conditions de salaire et de travail d'Air France, mais à celles qui ont cours en Chine et dans les autres pays pauvres de la région. Quant au code du travail français, qui s'applique au personnel de la compagnie où qu'il travaille, ces hôtesses-interprètes n'ont pas non plus le droit de s'en revendiquer. C'est ainsi que, récemment, l'une d'elles a été licenciée parce qu'elle était... enceinte!

Comme quoi, contrairement à ce que prétendent les représentants du gouvernement ou d'Air France chaque fois qu'un accident met sur la sellette des compagnies charters ou du Tiers Monde, il n'y a pas que dans ces compagnies-là que les patrons se comportent comme des négriers des temps modernes.