Villepin : De la démagogie répressive à l'esbroufe sociale10/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1945.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Villepin : De la démagogie répressive à l'esbroufe sociale

Lundi 7 novembre, Villepin est apparu au journal de 20heures de TF1 pour présenter la politique du gouvernement face à ce qui se passe dans les cités populaires du pays.

Mais Villepin ne s'adressait pas à ces jeunes déboussolés qui expriment leur mal-vivre de la pire des manières, s'en prenant de façon directe ou indirecte à leurs frères de misère qui vivent dans ces quartiers, en incendiant voitures ou édifices publics. Son message était celui des rodomontades guerrières. On n'en était pas à l'état de siège, mais tout juste. Villepin a brandi une loi, le couvre-feu, décidée pendant la guerre d'Algérie et appliquée sur le territoire métropolitain une seule fois, en octobre 1961, à toute la population algérienne. Cela donna lieu alors à des manifestations de protestation à Paris et au massacre de plusieurs centaines d'Algériens lors de leur répression, épisode sinistre qu'on vient encore de commémorer il y a quelques jours.

En référence aux propos provocateurs de Sarkozy, Villepin a tenu à dire qu'il fallait faire attention au langage tenu, mais cela ne l'a pas empêché de chercher à occuper le terrain vis-à-vis du même électorat, le plus réactionnaire, que celui que cherche à séduire le ministre de l'Intérieur, en s'affirmant avant tout pour l'ordre et la sécurité.

Villepin sait très bien que cette mesure, comme ses déclarations sur le "retour à l'ordre républicain", ne peuvent en aucune façon régler quoi que ce soit dans les banlieues. Au contraire, d'une certaine façon elles encouragent l'attitude de défi sans horizon des jeunes les plus désespérés.

Dans cette apparition télévisée, il a fallu attendre un long moment, après des couplets réitérés sur la sécurité, pour que Villepin aborde les "mesures d'ordre social", censées apporter une réponse à la situation. Il n'y eut pas un mot pour la grande masse de la population des quartiers populaires déshérités qui subissent de plein fouet le chômage et ses conséquences désastreuses, pas le moindre message non plus à l'adresse des jeunes qui se sentent rejetés et insultés.

Quant aux mesures mises en avant, ce ne sont que faux-semblants, y compris la promesse de redonner aux associations présentes sur le terrain les crédits qu'on leur a supprimés dans la dernière période. Pour suppléer à l'échec scolaire, il propose l'apprentissage à 14 ans. Pour l'accès à l'emploi, le seul engagement concret a été celui d'un entretien, un de plus, à l'ANPE. Quant aux discriminations, a dit Villepin: "Nous devons changer notre comportement et notre regard."

Si la situation des banlieues pose un problème à Villepin, c'est surtout un problème d'image personnelle vis-à-vis de son public, celui de la bourgeoisie petite et grande.

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