À propos du drame de Clichy-sous-Bois10/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1945.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

À propos du drame de Clichy-sous-Bois

Il existe bien des zones d'ombre dans l'affaire de Clichy-sous-Bois du jeudi 27 octobre, où deux jeunes ont trouvé la mort et un troisième a été blessé.

Tout d'abord, les jeunes en question voulaient simplement jouer au football. Il existe deux terrains de sport dans le secteur de Clichy-sous-Bois où ces faits se sont déroulés. Mais ils étaient tous les deux occupés, dont l'un par un chapiteau qui abrite des plantes pour l'hiver. D'autres installations le sont par des anciens qui se retrouvent, jouent aux cartes, etc., et les jeunes n'y ont pas accès. Aujourd'hui il est de bon ton de dire que les municipalités font tout ce qu'elles peuvent en faveur des jeunes, mais cette après-midi-là il n'y avait rien de disponible pour eux. Les jeunes en question ont donc été dans la commune voisine de Livry-Gargan.

Peu après 17 heures, selon une version, des policiers seraient venus les trouver pour leur demander leurs papiers, et certains jeunes, qui ne les avaient pas sur eux, ou qui ne tenaient nullement à passer quelques heures dans un commissariat alors qu'ils n'avaient strictement rien à se reprocher, se seraient enfuis. La version de la police est différente: un témoin l'aurait prévenue qu'il y avait des rôdeurs sur un chantier et c'est pour cette raison qu'elle serait intervenue. Or on n'a jamais trouvé la moindre trace ni de rôdeur ni de vol.

Quoi qu'il en soit, il est significatif que des jeunes n'ayant rien à se reprocher, n'ayant commis aucun délit, aient jugé préférable de s'enfuir à la vue des policiers, tellement les simples contrôles d'identité sont nombreux, vexatoires et pesants. Rappelons que ceux des jeunes qui ont été interpellés n'ont été libérés qu'à 20heures, donc après deux heures de garde, sans la moindre raison.

Ensuite, contrairement à la version policière et à celle de Sarkozy, il semble qu'il y ait bien eu course-poursuite des jeunes en question par les policiers jusqu'à l'intérieur du cimetière qui jouxte le transformateur EDF. Un jeune, qui s'était caché derrière une voiture, l'a bien vu. Celui qui a été blessé dans le transformateur l'a vécu. Et il y a eu des témoins sur place.

Les policiers sont restés une bonne demi-heure sur les lieux, et peut-être même trois quarts d'heure, autour du centre EDF. Il y a même eu, selon certains témoins, une seconde vague d'intervention policière.

Aujourd'hui le procureur de la République en charge du dossier estime qu'il y a peut-être eu, tout au plus, de la part de la police, une "non-assistance à personne en danger", c'est le moins que l'on puisse dire, car un message policier fait état du fait que des jeunes s'étaient réfugiés dans le transformateur. Cette version minimale dédouane la police de l'essentiel, car en une demi-heure ou trois quarts d'heure, la police aurait largement eu le temps de prévenir EDF et de faire savoir aux jeunes que leur vie était en danger. Mais durant ce laps de temps, que s'est-il exactement passé à l'intérieur du poste de transformation?

Sarkozy promet que toute la vérité sera faite et sera dite. Ce sont les propos habituels d'un ministre, surtout lorsqu'il est en charge de la police. Mais de toute évidence la version officielle est sujette à caution, et il ne faut pas s'étonner que les jeunes -et sans doute nombre d'adultes- des banlieues n'y croient pas.

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