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Leur société
Plan Borloo : Nouveaux contrats, vieilles méthodes
Borloo, le ministre de l'Emploi, avait prévu dans son plan dit de "cohésion sociale" de janvier 2005 de remplacer les contrats emploi solidarité (CES) par de nouveaux contrats, les CAE (contrat d'accompagnement dans l'emploi) et les CA (contrat d'avenir). Le changement de nom cachait mal la réalité de ces nouveaux contrats précaires, qui ne proposent aux chômeurs que des contrats à durée déterminée sous-payés et aux patrons de nouvelles subventions.
Les contrats d'avenir sont prévus, dans le cadre d'une convention entre l'État et des collectivités locales, pour des chômeurs RMIstes depuis au moins six mois. D'une durée minimale de deux ans, ils peuvent être prolongés d'un an ou de trois pour les plus de cinquante ans ou les handicapés. Pour 26 heures de travail hebdomadaire, le salarié est payé au smic horaire... ce qui est bien sûr ridiculement insuffisant. Quant au patron, c'est tout bénéfice pour lui, puisqu'il est exonéré de charges sociales (assurances sociales, accidents du travail et allocations familiales) et touche une subvention mensuelle de 425,20 euros et une aide complémentaire dégressive. Les contrats d'accompagnement dans l'emploi, mis en place, eux, par l'ANPE, correspondent à vingt heures de travail hebdomadaires, payées au smic horaire, pendant six mois à deux ans. Là encore, le patron est exonéré de charges sociales et perçoit une aide correspondante au maximum à 95% du smic.
En 1989, en instituant les CES, le gouvernement socialiste de l'époque s'était donné les moyens de camoufler l'importance du chômage en les multipliant à La Poste, dans les lycées, les écoles ou dans les hôpitaux où ils assuraient des fonctions indispensables pour une paye dérisoire d'environ 2500 F par mois.
Aujourd'hui Borloo fait de même. Depuis plusieurs mois il annonce une baisse régulière du nombre de demandeurs d'emplois, liée au "succès" des nouveaux contrats, CAE, CA mais aussi CNE (contrats nouvelle embauche). Comme le dit une responsable d'une direction départementale de l'emploi et du travail en Ile-de-France: "À chaque lancement d'un nouveau dispositif, quel que soit le gouvernement, on nous demande de faire du chiffre". Le 14 octobre, le ministère de l'Emploi annonçait que les conventions signées dans le cadre des CA correspondaient à 125000 embauches mais en réalité il n'y avait eu que 1500 personnes embauchées dans le cadre de ce contrat en septembre et 3450 depuis janvier 2005... Car il y a loin d'une signature à une embauche.
Avec Borloo, comme avec ses prédécesseurs, ce qu'ils appellent "le traitement social du chômage", c'est le traitement des... chiffres du chômage! Mais ce n'est pas en cassant le thermomètre que la fièvre baisse et cela ne change rien à la réalité.